Elle nous permet d’anticiper, de nous adapter dans un monde en perpétuelle évolution. Elle est aussi une marque d’ouverture d’esprit qui manifeste notre intérêt pour les autres et notre désir de comprendre comment les choses fonctionnent. Ainsi, la curiosité devient un atout indispensable pour s’épanouir dans le monde de demain, mais peut-on vraiment l’encourager et, si oui, comment ?
La curiosité, innée ou acquise ?
La curiosité est une qualité qui se traduit par l’intérêt naturel et spontané pour les choses nouvelles. Être curieux, c’est chercher à comprendre l’inconnu, s’étonner, s’intéresser, chercher à développer de nouveaux savoirs dans le seul but d’apprendre. Si certains l’estiment innée et déclenchée par une situation nouvelle ou incongrue, d’autres l’envisagent comme un trait de personnalité relatif à l’ouverture d’esprit et à un attrait marqué pour la recherche de nouveauté, et pouvant donc être éveillé et cultivé.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que le jeune enfant qui découvre le monde est passionnément curieux, que chaque petite chose lui est prétexte à l’exploration, à la découverte et au questionnement. Cette phase de découverte intensive du monde est indispensable car elle lui permet d’acquérir ses premières expériences et connaissances du monde qui l’entoure.
Néanmoins, les spécialistes de l’éducation constatent que cette curiosité spontanée et naturelle a tendance à s’émousser, et que ce phénomène coïncide bien souvent avec l’entrée à l’école. Selon eux, la quantité des apprentissages que les écoliers doivent absorber et l’absence de choix des sujets étudiés pourraient en être les principales raisons. Pour autant, il ne s’agit pas céder au fatalisme et de renoncer à préserver la curiosité des enfants : au contraire, il faut la préserver, l’entretenir afin qu’ils continuent à s’émerveiller et à se questionner sur tout ce qui constitue leur environnement et leur quotidien.
Encourager l’envie d’en savoir plus
Même si, parfois, la tentation peut être grande d’esquiver une énième question par un laconique « je ne sais pas » rappelez-vous que ses (parfois très) nombreuses interrogations permettent à l’enfant de mieux appréhender le monde qui l’entoure et qu’elles sont autant de marques de sa curiosité. Il est donc important d’y répondre, sans pour autant que la réponse ne dépasse le cadre de la question. Rester un peu mystérieux sur certains sujets peut être plus intéressant ou intrigant pour votre enfant, si ce qui reste à explorer stimule son imagination.
Et même, n’hésitez pas vous aussi à l’interroger, à le pousser à réfléchir pour qu’il propose ses propres réponses, en faisant bien sûr attention à ce que le niveau des questions reste à sa portée. En effet, il est important de s’en tenir à l’espace que le célèbre psychologue Lev Vygotski nomme « zone proximale de développement », qui se situe entre ce que l’enfant peut comprendre seul et ce qu’il est en capacité d’apprendre à l’aide d’une personne plus avancée que lui. Les questionnements situés dans cet espace stimuleront à coup sûr la curiosité de l’enfant, en revanche, au-delà de cette zone, l’enfant se sentira découragé et se désintéressera rapidement du sujet.
Autoriser l’autonomie, laisser le droit à l’erreur
L’élan naturel de la curiosité pousse les enfants à mener de nombreuses expériences, sous l’œil parfois inquiet de leurs parents. Pourtant laisser son enfant mener ses propres investigations est capital. S’il se trompe, ce sera alors l’occasion de voir avec lui comment se corriger et ainsi transformer cette erreur en une opportunité d’apprentissage. Ces tâtonnements, cette méthode empirique par essai et erreur permet de découvrir ses propres centres d’intérêts, de tirer parti de chaque situation, mais aussi de nourrir son sentiment de confiance. Un enfant qui a confiance en sa capacité à explorer le monde a toutes les chances de devenir un adulte autonome, ouvert d’esprit tourné vers la découverte et les autres.
Montrer l’exemple
Vous êtes, dans tout ce que vous faites et votre rapport au monde, un modèle pour vos enfants : si vous vous montrez vous-même curieux, ils ne manqueront pas de vous imiter ! Alors comme eux, émerveillez-vous des choses petites et grandes qui vous entourent pour les inciter à en faire de même. Encouragez-les ainsi à approfondir leurs centres d’intérêts en leurs proposant des lectures ou des sorties sur des thèmes en lien avec leurs curiosités du moment.
Éviter la surstimulation
Stimuler la curiosité des enfants ne signifie pas qu’il faille multiplier les activités, sans un seul temps mort. Au contraire, il faut laisser aux enfants le temps de s’ennuyer. Ces moments sont pour eux l’occasion de rechercher des nouvelles sources d’intérêts et de distractions, ou tout simplement de rêver, d’imaginer : ces moments où il ne se passe rien, en apparence, sont ceux qui permettent de se connaître, de se construire, de devenir soi.
A l’inverse, la surstimulation peut avoir un effet néfaste sur la curiosité, conduire à des manques d’attention voire à un désintérêt pour les activités proposées. En somme, pour développer sa propre curiosité, il faut avoir du temps pour soi, c’est-à-dire un temps qui échappe aux suggestions ou au contrôle trop étroit des adultes.
Ne pas trop en faire mais rester attentif et disponible afin de relancer au besoin la curiosité de l’enfant, voilà donc le rôle d’équilibriste qui incombe à tout parent. La curiosité est de toute façon une attitude naturelle chez les enfants et, pour la préserver, le mieux est certainement de se laisser guider par leurs engouements : c’est peut-être eux qui réussiront à éveiller votre curiosité !