Comment aider son enfant à bien gérer le stress dès la rentrée ?

Article publié le 17 septembre 2021 (mis à jour le 11 juillet 2023) - 0 commentaires
5 minutes
Boule au ventre, insomnie, anxiété… La perspective de retourner en classe provoque chez de nombreux élèves des sensations bien peu agréables, mais qui sont normales et le plus souvent passagères.
Joffrey Mazoyer

Joffrey Mazoyer

Coach scolaire Acadomia à Toulouse

Si toutefois le stress semble s’installer durablement chez votre enfant, il ne faut pas hésiter à en parler et à chercher avec lui des solutions.

Qu’est-ce que le stress et quand faut-il s’en préoccuper ?

Le stress est un ensemble de réactions physiologiques et psychologiques qui surviennent face à une situation considérée comme menaçante. Ces réactions sont le résultat d’une décharge de cortisol – aussi appelée « l’hormone du stress » – qui met corps et esprit en alerte et nous permet de réagir à ce que nous identifions comme une possible menace. En théorie, une fois la situation « sous contrôle », le niveau de cortisol redescend.

Dans le cas contraire, il est nécessaire de s’en inquiéter, car un stress durable nuit au bien-être comme aux apprentissages de l’enfant.

Ce problème peut concerner même les plus jeunes enfants, comme l’a montré Sonia Lupien, neuroscientifique et fondatrice du Centre d’études sur le stress humain. Elle étudie les effets du stress sur l’organisme et a mené des études chez les enfants et les jeunes adultes. Celles-ci ont démontré que même les enfants sont vulnérables aux effets du stress, certains pouvant sécréter des taux élevés de cortisol dès l’âge de 6 ans.

Être stressé, c’est se faire du CINÉ

Afin de réguler le stress, il est nécessaire d’en identifier la ou les source(s). Au cours de ses recherches, Sonia Lupien a pu établir que si ce qui est stressant pour moi ne le sera pas forcément pour vous, les ingrédients d’une situation perçue comme stressante sont en fait toujours les mêmes et peuvent être représentés sous l’acronyme CINÉ :

    • Contrôle faible (soit l’impression d’avoir peu ou pas de contrôle sur la situation).

 

    • Imprévisibilité (liée à la survenue d’un événement inattendu ou à l’impossibilité de savoir à l’avance ce qui va se produire).

 

    • Nouveauté (quelque chose de nouveau ou dont on n’a pas encore l’expérience se produit).

 

    • Ego menacé (les compétences, les capacités sont remises en question par une situation donnée).

 

Dans la scolarité, tous ces déclencheurs de stress sont évidemment présents : l’arrivée dans une nouvelle classe ou un nouvel établissement, faire face à une interrogation surprise, la menace d’une mauvaise note, devoir faire un exposé devant toute la classe peuvent réunir un ou plusieurs « facteurs CINÉ ».

Identifiez les manifestations de son stress

Les manifestations physiques du stress sont à la fois nombreuses et spécifiques à chacun : boule au ventre, nausées, tremblements, augmentation du rythme cardiaque… Ces manifestations sont de vrais révélateurs et ne doivent pas être négligées. Il est donc nécessaire d’aider votre enfant à les identifier pour savoir quand le stress arrive et agir en conséquence.

Si les manifestations physiques du stress sont plus facilement perceptibles, les signaux psychologiques sont moins aisés à déceler, alors qu’ils peuvent être le signe d’une profonde anxiété. Il peut s’agir de troubles du sommeil se manifestant par des difficultés d’endormissement, des réveils successifs, des cauchemars fréquents voire des insomnies.

Des troubles alimentaires peuvent également survenir, comme la perte d’appétit ou l’apparition de phases boulimiques. Il est enfin possible d’observer des troubles du comportement tels qu’une irritabilité inhabituelle, des phases de repli sur soi dans l’inactivité la plus totale ou au contraire dans une suractivité permettant l’oubli de soi comme les jeux vidéo, le sport ou… un travail acharné. Favorisez le dialogue lorsque des manifestations de ce type surgissent chez vos enfants.

Accueillez ses inquiétudes et ses émotions

Passer du temps seul avec votre enfant, dans une activité ou un sport que vous appréciez tous deux par exemple, peut être l’occasion d’appréhender les préoccupations et le stress ressenti par rapport à sa scolarité, et d’échanger sur les situations considérées comme stressantes.

Ici, la difficulté est d’en faire ni trop, ni trop peu : le rassurer excessivement peut lui donner l’impression d’avoir raison de s’inquiéter, tandis que minimiser ses craintes peut avoir pour seul résultat de les lui faire taire à l’avenir. Bref, soyez à l’écoute mais restez concis !

Évitez aussi d’évoquer ou de manifester votre stress concernant tel ou tel aspect de sa scolarité, car votre enfant risque de faire siennes vos inquiétudes. La façon dont le parent gère son stress est d’ailleurs un exemple pour l’enfant : efforcez-vous donc de contrôler vos réactions lors de situations anxiogènes.

Ayez également confiance en la capacité d’adaptation et la réflexion personnelle de votre enfant : il le ressentira et n’en dominera que mieux son stress. De plus, pour parvenir à s’apaiser à l’école, votre enfant doit apprendre à faire confiance à son enseignant et, surtout, avoir la certitude que vous lui faites confiance.

Accompagnez-le dans sa recherche de solutions

Le stress durable étant très coûteux en énergie, il faut savoir le maîtriser pour favoriser l’essentiel : le plaisir d’apprendre, l’enrichissement et l’épanouissement personnels. Pour cela, votre enfant doit commencer par comprendre qu’il est impossible d’éliminer complètement le stress, et qu’un peu de stress ne représente pas un danger mais révèle ce qui compte vraiment pour lui.

En revanche, il peut apprendre à délimiter sa « zone de confort », c’est-à-dire se placer dans un état psychologique dans lequel il se sent suffisamment apaisé par rapport à une situation qu’il redoute.

Pour qu’il y parvienne, aidez votre enfant dans sa recherche de solutions. Résistez tout d’abord à l’envie de régler le problème à sa place, ce qui l’empêcherait d’affronter la situation et ne ferait que perpétuer son sentiment d’anxiété. Interrogez-le plutôt : « Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? Réfléchissons à ce que tu pourrais faire dans ce cas. »

Notez les propositions, discutez ensemble et développez des idées. Si votre enfant craint par exemple de manquer son bus et d’arriver en retard en classe, discutez avec lui des solutions à envisager pour éviter que cela n’arrive, mais aussi pour agir si la situation se présentait effectivement.

Avec les plus jeunes, il est intéressant d’utiliser les jeux de rôle, les dessins, l’invention d’une histoire ou d’un jeu qui reprend le thème du stress avec des personnages fictifs. Ceci afin d’explorer les peurs plus profondément et de façon détournée.

Apprenez-lui à s’adapter aux contextes nouveaux ou imprévisibles

Pour aider votre enfant à gérer l’inquiétude liée à la nouveauté d’une classe par exemple, rappelez-lui les rentrées précédentes, les amis rencontrés, les enseignants appréciés… Si votre enfant s’apprête à découvrir un nouvel établissement, n’hésitez pas à prendre le temps de vous rendre sur les lieux, de repérer le trajet, bref de semer un peu de connu dans l’inconnu, de façon à le rendre moins inquiétant.

N’hésitez pas à expliquer à votre enfant ce qui va se passer : s’il est à la crèche, décrivez-lui le déroulement de la journée, à quel moment vous irez (ou une personne connue) le chercher.

Les classes de transition (CP, 6e, seconde) correspondent à des changements importants qui sont stressants pour les enfants ou les ados, notamment parce que de plus grands, ils redeviennent les plus petits.

Rassurez votre enfant en expliquant que tous les autres élèves seront dans le même cas et qu’ils auront du temps pour s’habituer à ce qu’on attend d’eux. De plus, les établissements prennent souvent le temps d’accueillir les nouveaux élèves, d’expliquer comment tout va se dérouler et d’accompagner vos enfants dans ce changement.

Élaborez un planning, instaurez des routines

Pour que votre enfant ait une vision claire de ce qu’il doit faire et quand (ce qui permet d’anticiper et donc de diminuer le stress), veillez à ce qu’il dispose d’un emploi du temps délimitant les périodes d’activités scolaires et extra ou parascolaires. Assurez-vous qu’il lui reste des moments où il pourra se reposer, lire, écouter de la musique, jouer… en fin de journée ou le week-end.

Pour les plus jeunes, une routine du matin bien structurée permet de diminuer les conflits et surtout d’établir un cadre sécurisant. Avec les plus petits, vous pouvez créer ou dessiner une affiche reprenant les différentes étapes de la matinée, par exemple : « je déjeune, je m’habille, je me brosse les dents », en associant ces actions à des pictogrammes.

À chaque étape réalisée, l’enfant peut cocher ou apposer un autocollant. L’implication dans l’élaboration des routines contribuera également à son adhésion : associez-le donc aux réflexions concernant l’ordre des différentes actions.

En ce qui concerne les ados, l’élaboration du planning peut être davantage laissée à leur initiative : soyez simplement vigilant quant au bon équilibre des travaux scolaires et des loisirs (l’excès, dans un sens comme dans l’autre, étant à éviter) et surtout sur le temps consacré au sommeil.

Vous pouvez accrocher ces horaires dans une pièce commune, comme la cuisine, pour s’assurer qu’ils sont respectés. Il est fortement recommandé de diminuer le plus possible l’exposition aux écrans en soirée et de la proscrire totalement au moins une heure ou deux avant le coucher.

Chez l’enfant ou l’adolescent, la vulnérabilité au stress dépend d’une multitude de facteurs : âge, personnalité, environnement familial… En revanche, gardez en tête qu’il se nourrit toujours des mêmes causes : l’effet CINÉ ! Agir avec votre enfant sur l’ensemble de ses composantes est donc indispensable pour lui assurer une scolarité et une vie épanouies.

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