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Mon ado ne sait pas ce qu’il aime

Article publié le 23 juin 2020 (mis à jour le 11 juillet 2023) - 0 commentaires
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Beaucoup de parents s’inquiètent des difficultés d’orientation de leur ado, qu’ils mettent très souvent en lien avec ses difficultés à trouver ce qu’il aime. Est-ce effectivement un problème ?

Beaucoup de parents s’inquiètent des difficultés d’orientation de leur ado, qu’ils mettent très souvent en lien avec ses difficultés à trouver ce qu’il aime. Est-ce effectivement un problème ?

C’est un problème et ce n’en est pas un à la fois…

C’est un problème, parce que oui, se connaître soi-même, ses propres goûts, ses passions, voire ses rêves, savoir ce qu’on souhaite vraiment – plutôt que de répondre de manière plus ou moins consciente aux attentes et aux souhaits de l’entourage, comme c’est parfois le cas -, est un élément clé dans la construction de l’orientation et plus tard d’un parcours professionnel épanouissant.

Et en même temps non, ce n’est pas très grave, parce que la plupart des ados passent par là. A l’âge où se forge l’identité, à l’âge aussi du plein développement, de l’évolution, de tous les possibles, mais où on manque encore d’expérience de la vie et des autres, on a bien du mal à définir qui on est et ce qu’on aime. C’est d’ailleurs pour cela que chez certains ados les bilans psychologiques ou d’orientation ont immédiatement un effet bénéfique, même s’ils ne donnent pas toujours de solution clé en main : mieux cerner qui on est, c’est déjà être plus conscient de ses spécificités et de ses points forts, et être plus serein face aux choix.

Alors oui, il est vrai que chez certains adolescents cela peut prendre plus de temps, et qu’un accompagnement, quel qu’il soit, est parfois nécessaire pour les aider à penser sur eux-mêmes pour mieux cerner leurs besoins, et leurs motivations de vie et de devenir.

Comment peut-on accompagner ces adolescents dans leur réflexion ?

Le point primordial est d’avoir une posture absolument ouverte, sans jugement sur les goûts ou les capacités de l’adolescent. En effet, beaucoup d’ados tendent à refouler ou inhiber l’expression de leurs goûts ou préférences d’orientation, par manque de confiance en eux : s’ils doutent, s’ils se disent que ce n’est pas possible (ou que quelqu’un risque de leur dire que ce n’est pas possible, ou pas souhaitable), alors ils mettront hélas de côté leur projet ou leur attirance, comme s’il n’avait jamais existé !

Parmi ce qu’il est possible de faire facilement, on peut par exemple inverser le problème, en demandant à l’adolescent de penser d’abord à ce qu’il n’aime pas, aux métiers ou aux activités qui ne l’attirent pas du tout : c’est plus aisé, moins impliquant, et permet déjà de réfléchir en creux à ce qu’on aime !

On peut également l’aider à réfléchir à ses préférences sur des plans très différents : quelles matières scolaires ? quelles activités (plus ou moins quotidiennes) ? quels métiers ? quels lieux ? quel genre de personnes ? quel genre de vie ? …

D’ailleurs, plus généralement, tout travail émotionnel de prise de conscience des moments de sa vie où on se sent bien, de ses activités « ressources », participe chez l’adolescent de cette prise de conscience de ce qui engendre de la satisfaction. Le repérage des émotions positives, fussent-elles de petites émotions de la vie de tous les jours, aide l’enfant à être plus à l’écoute de lui-même, et le prépare donc indirectement à une « meilleure » orientation.

Avec certains adolescents aussi, le problème n’est pas tant qu’ils n’aiment rien, mais plutôt qu’ils sont attirés (sans forcément persister longtemps dans leur intérêt) par beaucoup de choses différentes, dans des domaines variés : cela s’appelle la curiosité, et cela les aidera sans doute dans leur parcours ! Avec ces ados-là, l’enjeu est davantage de leur donner une forme de recul sur la situation, ainsi qu’un cadre de réflexion, voire quasiment une méthode, pour leur permettre de mettre de l’ordre dans leur pensée.

Et si rien de tout cela n’a marché, ce peut être aussi parce que l’ado a besoin d’être accompagné par un tiers extérieur à la famille, qui lui procurera l’espace d’expression dont il a besoin !

Et si ça ne fonctionne décidément pas… comment faire, alors ?

Tout d’abord, dédramatiser… L’idée que l’ado devrait avoir une passion est assez cousine de celle selon laquelle il serait « prédestiné » pour un métier. Or le coup de foudre est rarement vrai en matière d’orientation ! C’est souvent par un jeu d’expériences et d’approximations successives que le jeune adulte aboutit à une activité qu’il aime, ou du moins qu’il aime « suffisamment ». Il n’y a donc aucune nécessité d’avoir a priori une passion particulière pour avoir une vie professionnelle satisfaisante.

Mais attention… Si l’adolescent se replie sur lui-même, et semble ne pas apprécier non plus les petites choses simples de la vie comme voir des amis, sortir pour une balade, aller boire un verre, faire un jeu de société ; si encore il a du mal à se rendre en cours, a des problèmes de sommeil, est fatigué, ou a restreint tout son centre d’intérêt sur les jeux vidéo ; alors c’est peut-être une période dépressive, et c’est peut-être pour cela qu’il n’a goût à rien. Chez les 12-18 ans, ces symptômes passent parfois inaperçus, car on les met sur le compte de l’adolescence. Or l’adolescence n’est pas en soi une période dépressive ! Dans cette situation, il convient de consulter un psychologue ou un psychiatre pour traiter les affects dépressifs, et c’est par la suite qu’on pourra ré-envisager sereinement l’orientation.

C’est entre autres pour cela que les psychologues ont tout leur rôle à jouer dans l’orientation : aller voir un psychologue de l’orientation plutôt qu’un autre intervenant permet de ne pas passer à côté de ce genre de situation, et d’éviter de s’acharner dans une direction qui n’est pas la bonne, puisqu’elle n’est pas adaptée à la fragilité de l‘état de l’adolescent à un instant T.

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