Elèves ensemble en cours Acadomia

Pourquoi nous devons passer aux pédagogies actives pour favoriser l’apprentissage de nos enfants

Article publié le 14 janvier 2020 (mis à jour le 05 mars 2024) - 0 commentaires
5 minutes
Quels sont les avantages de ces méthodes éducatives et comment se traduisent-elles concrètement ? 
Svenia Busson

Svenia Busson

Dirigeante de LearnSpace

Favoriser l’apprentissage est un vaste champ d’interrogations. Parmi elles, celle de la place de l’élève et du professeur. Les pédagogies actives s’inscrivent justement dans un changement sinon de place, au moins de fonctionnement de la classe traditionnelle. Quels sont les avantages de ces méthodes éducatives et comment se traduisent-elles concrètement ? 

La théorie derrière le concept de pédagogies actives.

 

Être acteur de son parcours éducatif  

Le parcours éducatif, dans sa forme classique, consiste pour une salle de classe à être plutôt centrée sur le professeur, qui a un rôle actif de transmission aux élèves, lesquels sont souvent assez passifs dans leur écoute. Cette forme de scolarité suppose aussi pour les élèves de travailler en dehors des cours et d’apprendre afin de pouvoir répondre correctement lors des interrogations et autres devoirs.

Depuis longtemps, les spécialistes de l’éducation s’interrogent sur la pertinence de cette forme. En effet, la transmission du savoir doit-elle se faire uniquement par une voie descendante ? C’est à cette question que tente de répondre la pédagogie active. Que signifie-t-elle ? Il s’agit, dans les grandes lignes, de donner à l’élève toute la latitude de travailler en amont de la classe. Autrement dit, il peut travailler de façon autonome et avec ses camarades, pour ensuite approfondir ses connaissances grâce à celles des professeurs.

En faisant ses propres recherches, en se posant toutes les questions qu’il souhaite, l’élève apprend en faisant. Cela porte d’ailleurs un nom : l’apprentissage expérientiel, c’est-à-dire issu de l’expérience, et donc des recherches et des discussions de l’élève. La pédagogie active est justement celle de l’apprentissage collaboratif. Pour les professeurs, il s’agit non seulement de travailler avec les élèves en lien avec les expérimentations qu’ils auront produites, mais aussi de les questionner et de leur donner des pistes de réflexion nouvelles, sans préjuger du résultat.

Changer de posture  

Être assis sur une chaise sans bouger pendant plusieurs heures est le quotidien de très nombreux élèves dans le monde. Les professeurs sont quant à eux plus libres de bouger et de marcher entre les rangs, mais ils sont néanmoins limités dans leurs mouvements. Les pédagogies actives permettent justement de bousculer ces deux postures.  

Les pédagogies actives proposent de changer ces deux postures, sans pour autant placer le professeur au même niveau que ses élèves ou amoindrir le respect que ceux-ci lui doivent. Au contraire, ces pédagogies sont celles de la connaissance par l’expérience, et celui qui a le plus d’expérience reste le professeur. Il demeure une boussole indispensable à l’acquisition du savoir et celui qui saura donner les pistes et les bonnes réponses.

Le professeur se mue alors en « coach » dynamique, donnant des défis à ses élèves, lesquels doivent y répondre par des recherches personnelles sur des problématiques qu’ils peuvent déterminer eux-mêmes. Les chaises et les tables ne sont plus rangées les unes derrière les autres, mais en U ou bien en îlots selon les projets.

En pratique, comment fonctionnent les pédagogies actives ?

Les pédagogies actives ne s’appuient pas sur une seule manière d’enseigner. Il existe en effet un panel assez large de méthodes entrant dans cette catégorie. Découvrez ainsi quelques exemples de pédagogies actives, parmi les plus pratiquées.

La classe inversée 

Voici certainement le mode de pédagogie active le plus connu. La classe inversée a en effet bouleversé les habitudes pédagogiques dans de nombreuses écoles. Son principe est simple : il ne s’agit plus pour le professeur de faire cours devant des élèves qui vont noter ce qu’il enseigne, puis devront effectuer des devoirs correspondant à cette leçon chez eux. La classe inversée propose aux élèves de consulter le cours sur un support pédagogique (le plus souvent des vidéos et des textes), conçu ou non par le professeur, puis de déterminer ce qu’ils ne comprennent pas. Cela peut aussi leur donner envie d’en savoir plus.

En classe, il s’agit ensuite de poser toutes les questions qu’ils souhaitent aux professeurs afin d’obtenir des réponses et avancer ; il convient aussi de se servir de ce temps pour travailler en groupe ou débattre. Ce système va donc à l’encontre de ce qui bloque une bonne partie des élèves qui ne parviennent pas à évoluer : la crainte de poser des questions pendant le cours sur les points qu’ils ne comprennent pas. Ici, on laisse la place à un espace de liberté et de compréhension. Et donc la voie à l’épanouissement des élèves.

La pédagogie par projet 

Cette méthode pédagogique est ce qui a permis de développer la classe inversée. La pédagogie par projet n’est en effet pas nouvelle. Elle remonte aux grands projets de construction, comme Notre-Dame. Pour parvenir à édifier un bâtiment, autrement dit un projet, chacun doit y mettre du sien et ses meilleures idées. Travailler « en mode projet » est d’ailleurs aujourd’hui une manière de concevoir des produits dans les entreprises en agrégeant tous les talents, qu’ils soient internes ou externes.

Dans le domaine de l’éducation, la pédagogie par projet ne vise pas le même objectif de productivité bien sûr. Il s’agit ici d’apprendre, d’acquérir des compétences par l’expérience. Et cela, tout en étant épaulé par les professeurs qui donnent des conseils, répondent aux questions, sans pour autant diriger le projet. Car les élèves, par petit groupe, en déterminent eux-mêmes les contours et la finalité de ce qu’ils vont pouvoir présenter. Cette présentation peut d’ailleurs prendre la forme qu’ils souhaitent : une vidéo, une maquette, un mémoire, etc.

Mais attention, la pédagogie par projet nécessite d’en déterminer les tenants et les aboutissants avec les élèves. Sans cela, le découragement et le conflit peuvent le mettre en péril. Pour éviter que le sujet soit par ailleurs trop ou pas assez ambitieux, il est important que le professeur fasse des propositions adaptées.

La ludification ou pédagogie par le jeu  

Ce néologisme, appelé aussi gamification en bon anglais, ou encore serious game lorsqu’il est appliqué à un jeu en lui-même, est une manière d’apprendre par un biais ludique. Non pas dans le but de s’amuser et d’oublier le processus, mais dans celui d’apprendre par une voie enthousiasmante. La ludification en tant que telle permet donc aux professeurs d’amener des techniques de jeu dans l’apprentissage, sans pour autant amener un vrai jeu sur la table. Le principe est plus subtil et vise avant tout à motiver l’élève pour gagner plus de points et atteindre ses objectifs.

La gamification se traduit ainsi dans la notation des élèves avec un système plus sympathique. Cela peut être à base de personnages pour les plus jeunes, ou encore de tableaux de statistiques pour les plus grands, résumant les résultats de leurs sportifs ou équipes préférés. Il faut néanmoins être attentif aux conséquences sur l’élève et sur le groupe. Car, dans le principe de la pédagogie active qui encourage l’élève à devenir acteur, les valeurs de solidarité et de collaboration sont aussi essentielles. Les points et les récompenses doivent donc aussi faire partie d’un projet plus global de la classe.

Le débat  

L’autre dénominateur commun à la pédagogie active est la possibilité pour les élèves de débattre. Ainsi, que ce soit dans la classe inversée, dans la pédagogie par projet, ou dans toutes les autres méthodes de ce même dispositif, la parole est ouverte. L’instant du débat peut donc se faire à l’intérieur des petits groupes qui travaillent sur un même projet, ou dans le cadre des questions en classe, et à l’extérieur. Pour se sentir acteur de son projet pédagogique, l’enfant doit pouvoir s’exprimer à voix haute parmi ses camarades et faire valoir ses propres opinions et ses propres idées.  

Le débat devient alors un support de l’enseignement et l’occasion pour le professeur de donner aux élèves des pistes de réflexion. Dans le cadre de la classe inversée par exemple, les élèves auront donc travaillé personnellement sur un sujet. Au retour dans la classe, il sera possible à chacun d’entre eux d’argumenter sur certains points en même temps qu’ils pourront poser des questions à l’enseignant sur des aspects mal compris.

Le débat étant le socle d’un système démocratique, le pratiquer dès l’école primaire et tout au long d’un parcours éducatif prépare l’élève à son rôle futur dans la société et lui enseigne une compétence fondamentale : l’esprit critique.

Les pédagogies actives ne cassent pas les codes du système éducatif. Au contraire, elles lui apportent de nouveaux outils et de nouvelles méthodes afin de donner aux élèves une nouvelle fonction, celle d’acteurs de l’école, responsables de leur progression dans leur apprentissage.  

Cet article vous a intéressé ?
Laissez-nous un commentaire