L’essor des solutions digitales pour l’éducation à la maison

Article publié le 16 avril 2020 (mis à jour le 05 mars 2024) - 0 commentaires
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En raison de la crise du COVID-19, les étudiants, les enseignants et les établissements scolaires et universitaires du monde entier ont dû passer du jour au lendemain à l'enseignement en ligne.
Svenia Busson

Svenia Busson

Dirigeante de LearnSpace

En raison de la crise du COVID-19, les étudiants, les enseignants et les établissements scolaires et universitaires du monde entier ont dû passer du jour au lendemain à l’enseignement en ligne. Aujourd’hui, environ 1,4 milliard d’étudiants et 100 millions de professeurs sont contraints de dispenser un enseignement à distance. L’ajustement est très difficile à bien des égards : le manque de temps pour se préparer, l’équité entre les élèves et l’accès au numérique, les usages et la sécurité, le bien-être des élèves et des enseignants. Mais les technologies et l’infrastructure existent et beaucoup de services dans le monde se développent pour proposer une expérience d’apprentissage à distance la plus inspirante, captivante et engageante possible.

Tour d’horizon des solutions d’apprentissage à distance les plus innovantes

Selon l’UNESCO, 91 % des élèves sont actuellement touchés dans le monde par la fermeture des établissements scolaires. Jamais un tel événement planétaire n’avait à ce point affecté le quotidien des élèves qui, bien que n’étant pas en vacances, doivent rester à la maison.

Mais de chaque situation négative, il est possible de retirer quelque chose de positif et de mettre à profit son temps hors du cadre classique de l’école. C’est ce que proposent des centaines de contenus en libre accès sur Internet pour que les élèves puissent poursuivre leur apprentissage et même en apprendre de nouveaux. Et cela, en parallèle des cours qu’ils doivent suivre à distance avec leurs professeurs. Se présentant comme des aides éducatives au quotidien, ces outils connaissent actuellement une forte hausse de fréquentation.

  1. Kahoot! (Norvège)

Cette plateforme de quiz éducatifs est un véritable succès européen présent dans plus de 180 pays. Fondée en Norvège par deux Britanniques et un Norvégien, elle a recréé le principe du questionnaire à choix multiples. Pour cela, elle donne la possibilité d’utiliser des quiz déjà prêts, ou de créer les siens, et de jouer en ligne. Chaque année, 1 milliard d’utilisateurs se rendent sur le site ou l’application, que ce soit à l’école, au travail ou à la maison. Kahoot! engrange aujourd’hui 100 000 nouveaux utilisateurs par jour ! Il y a fort à parier que la fermeture des écoles va encore augmenter le nombre de visites.

Le principal avantage de Kahoot! réside dans son ouverture à tous les utilisateurs qui peuvent créer leurs propres questionnaires. Les professeurs ont ainsi accès à une plateforme ergonomique qui leur sert de base ludique pour améliorer les connaissances de leurs élèves. En cette période où il est difficile de réaliser des contrôles, Kahoot! s’inscrit comme une parfaite option de remplacement. Les élèves doivent en effet répondre au même moment dans un temps limité. L’aspect ludique immédiat les invite ainsi à progresser.

  1. Brainly (Pologne)

L’apprentissage en groupe est aussi l’objectif de cette plateforme web (et application) très populaire chez les collégiens et les lycéens partout dans le monde. Fondée en Pologne – un pays européen qui se distingue dans les solutions digitales dédiées à l’éducation venues pallier un manque -, elle compte aujourd’hui 200 millions d’utilisateurs mensuels ! Gérée par les élèves/étudiants, et surveillée par les parents, elle leur donne la possibilité de poser des questions sur un devoir ou un point qu’ils n’auraient pas compris en cours afin d’avoir de l’aide d’autres élèves. Le principe est très simple : une question d’un élève, des réponses et des discussions sur le sujet.

En France, Brainly s’appelle nosdevoirs.fr et repose sur le même principe. Celui-ci se montre efficace à plus d’un titre : il permet d’approfondir les sujets vus en cours, mais il est surtout un support essentiel dans les pays dont le système éducatif est défaillant. S’agissant des fermetures d’école pendant le confinement, il offre aux élèves un espace éducatif libre pour mieux assimiler ses cours, et il accompagne les élèves n’ayant pas d’aide à la maison. Son rôle s’avère donc fondamental.

  1. Khan Academy (US)

Parmi les solutions éducatives en ligne les plus complètes, Khan Academy monte sur la plus haute marche du podium. Avant la crise du Covid-19, le site connaissait une fréquentation déjà très élevée avec 18 millions d’utilisateurs par mois, engrangeant un total de 800 millions de minutes passées sur le site sur le même laps de temps. Ces chiffres sont en train de doubler.

La plateforme se définit comme une ressource pour assurer la continuité éducative pendant le confinement, tout en étant un outil de travail et de collaboration pour les élèves et les professeurs. Toutes les sections trouvent en effet les ressources scolaires adaptées de manière gratuite. De plus, grâce à ses partenariats avec les plus grandes organisations scientifiques du monde, telles que la NASA ou le MIT, elle offre des contenus d’excellente qualité, notamment sur YouTube. Khan Academy a aussi vocation à ouvrir le champ des possibles à des élèves en difficulté. L’organisation à but non lucratif a en effet été fondée afin d’apporter l’école à ceux qui n’en bénéficient pas, notamment en Inde.

Ces plateformes remplacent-elles vraiment l’accompagnement humain des élèves?

Ces plateformes éducatives se montrent enthousiasmantes et apportent une aide certaine, en particulier en cette période inédite. Mais elles interrogent sur la pertinence de délaisser la réalité des cours et l’accompagnement des élèves, alors que ceux-ci ont plus que jamais besoin d’être suivis. Le risque de décrochage scolaire s’amplifie encore par ailleurs. En France, selon le ministère de l’Éducation nationale, 5 à 8 % des élèves ne répondent pas aux sollicitations de leurs professeurs. Il existe deux causes principales à cela : la perte de motivation (ou un décrochage latent) et l’absence d’outils numériques ou d’une connexion suffisante pour suivre les cours.

Ces plateformes sont efficaces et favorisent un accès (souvent gratuit) à du contenu pédagogique de qualité pour des millions d’enfants dans le monde. Mais l’aspect humain et social de l’apprentissage est essentiel et ne peut se dissoudre dans les outils numériques. N’oublions pas le rôle du professeur accompagnateur qui guide l’ élève. Surtout en cette période de crise où leur quotidien se voit chamboulé.

Afin que l’accompagnement subsiste, des plateformes de cours en ligne sont dédiées à la mise en relation entre professeurs et élèves :

  1. VIPKid (Chine)

En Chine, l’apprentissage de l’anglais américain est un vrai critère d’ascension social mais s’avère difficile. Il n’y a en effet que 27 000 enseignants natifs d’Amérique du Nord en Chine, pour 300 millions de jeunes. C’est ce qui pousse de plus en plus de parents à utiliser VIPKid. Cette plateforme connecte directement des enseignants nord-américains à plus de 700 000 étudiants chinois qui peuvent ainsi assister à des cours particuliers d’anglais avec un natif en visioconférence.

  1. Outschool (USA)

Outschool propose des cours en visioconférence, à la manière d’une classe virtuelle via l’application Zoom. Elle met à disposition des élèves les matières scolaires classiques, mais aussi des cours de sciences qui sortent de l’ordinaire, d’études sociales, ou encore de soft skills, de la maternelle à la terminale.

Face à la crise sanitaire actuelle, elle recrute 5000 professeurs supplémentaires pour augmenter le nombre de classes en ligne.  En parallèle, Outschool a créé une fondation, outschool.org, afin d’offrir 1 million de dollars de cours en ligne aux familles défavorisées, pour 5 heures de cours chacune environ.

  1. A.LIVE (France)

La France a également vu naître des outils et services de soutien scolaire en ligne de plus en plus nombreux. A.LIVE est la plus aboutie des classes virtuelles, développé par le N°1 du soutien scolaire, Acadomia. Son positionnement sur les classes virtuelles date de bien avant la crise du Covid-19. Sur A.LIVE sont proposés des classes en petits groupes, avec un professeur présent en ligne et un tableau virtuel. Ceci permet également plus d’interactions et de collaboration entre les élèves, ce qui n’est pas possible lors d’un cours particulier classique.

Les solutions pour apporter l’école directement à la maison, pendant le confinement et la crise que nous vivons, s’avèrent pertinentes. Elles permettent à une majorité d’élèves – en tous cas ceux qui ont une connexion Internet suffisante – de bénéficier de contenus éducatifs adaptés à leur niveau. Néanmoins, elles ne peuvent aucunement remplacer la présence réelle des professeurs et l’accompagnement concret qui en résulte. Parce que la période est inédite, il faut savoir profiter des solutions qui s’offrent à nous. Mais il est tout de même indispensable de s’interroger sur le bon équilibre à trouver pour maintenir le lien entre les élèves et les enseignants lors d’un enseignement à distance.

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