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Les pédagogies alternatives 

Article publié le 12 avril 2021 (mis à jour le 01 février 2023) - 0 commentaires
3 minutes
Le succès des livres de vulgarisation sur la question des apprentissages et la multiplication des écoles se réclamant de démarches innovantes en témoignent : de plus en plus de parents, soucieux de l’épanouissement scolaire de leurs enfants, s’intéressent aux pédagogies dites alternatives et les noms de Montessori, Freinet voire Decroly ont investi la sphère publique. Mais de qui (et de quoi) s’agit-il exactement ?
Aurélie Poulin

Aurélie Poulin

Responsable de l’orientation et des solutions parascolaires chez Acadomia

Le succès des livres de vulgarisation sur la question des apprentissages et la multiplication des écoles se réclamant de démarches innovantes en témoignent : de plus en plus de parents, soucieux de l’épanouissement scolaire de leurs enfants, s’intéressent aux pédagogies dites alternatives et les noms de Montessori, Freinet voire Decroly ont investi la sphère publique. Mais de qui (et de quoi) s’agit-il exactement ?

Les précurseurs

Les interrogations concernant d’autres façons d’enseigner ou d’apprendre ne datent pas d’hier . Elles trouvent leur origine dans les travaux du médecin français Jean Itard (1774-1838), qui s’occupa du jeune Victor de l’Aveyron, orphelin, abandonné dans la forêt durant sa prime enfance. Alors que Victor avait été diagnostiqué « idiot incurable », selon la classification de l’époque, Itard était convaincu qu’avec un enseignement adapté, basé sur le jeu, le toucher, les situations quotidiennes, le jeune garçon serait en capacité d’apprendre. Si les tentatives d’Itard n’ont été que partiellement couronnées de succès, elles ont ouvert la voie à un concept fondamental en pédagogie, celui d’«éducabilité » : selon ce principe, tout enfant, quelles que soient ses difficultés et ses besoins, est en capacité d’apprendre avec un enseignement adapté. Très vite les travaux d’Itard sont repris par Edouard Séguin (1812-1880), qui fonde la première école pour les enfants présentant des déficiences mentales et des troubles des apprentissages.

Les pédagogies nouvelles

C’est sur les travaux de ces précurseurs que se fonde la très célèbre pédagogue et médecin italienne Maria Montessori (1870-1952).  Ses principes éducatifs reposent sur trois piliers : tout d’abord la posture de l’éducateur, qui observe sans juger, ensuite un environnement agréable et lumineux, avec des classes aérées organisées en différents îlots d’apprentissages, et enfin pour l’enfant un choix libre d’activités. Les activités, qui doivent favoriser le mouvement, se font à l’aide d’un matériel adapté à chaque âge et visant à isoler les concepts (formes, couleurs, texture…). Selon la pédagogie Montessori, l’intelligence se construit par l’action. L’objectif est donc d’engager volontairement les enfants dans l’apprentissage afin de les rendre autonomes, en respectant leurs besoins individuels.

À la même époque, en France, l’instituteur Célestin Freinet (1896-1966) met lui aussi au point une nouvelle méthode d’enseignement basée sur le « faire ».  La pédagogie de Freinet préconise d’enseigner les matières fondamentales en s’appuyant sur des éléments pratiques et expérientiels issus de la vie quotidienne. Cette pédagogie laisse une grande place à l’expression individuelle et collective par la rédaction de textes libres ou de journaux scolaires. Comme Montessori, il accorde une grande importance au cadre de vie. Aujourd’hui encore, dans les écoles primaires qui appliquent la « méthode Freinet », les journées s’organisent entre séquences de travail classique et temps de découverte, où une promenade dans la forêt peut donner lieu à une leçon de science. Les enfants sont encouragés à proposer les sujets d’études qui les intéressent, à développer leur créativité au cours de travaux manuels et durant des ateliers d’écriture. Durant les récréations, des jeux collectifs sont organisés pour encourager la coopération et le vivre ensemble.

Dans la lignée des méthodes Montessori et Freinet, on peut également citer l’approche du médecin belge Ovide Decroly (1871-1932). Comme Freinet, il estime que la « globalisation de l’école » (c’est-à-dire comprenant aussi la rue, la cuisine, le jardin…) est nécessaire pour permettre l’observation, l’expérimentation et le contact direct avec les choses, et ainsi éveiller la curiosité et l’envie de s’engager dans les apprentissages. Comme Montessori, Decroly est soucieux de la sécurité affective des enfants qui selon lui passe par le jeu et l’adaptation fine des tâches aux capacités des élèves. Il préconise également le développement de la confiance via des responsabilités confiées au sein du groupe.

Aujourd’hui…

Au début du XXème siècle, le courant de l’éducation nouvelle a ouvert la voie à la psychopédagogie et à une nouvelle façon de concevoir l’enfant et les apprentissages. L’avènement des sciences cognitives, dans les années 1940 et 1950, a contribué à ce que ces nouvelles façons d’enseigner entrent dans le quotidien des enfants. L’enseignement vertical a ainsi reculé de façon notable,  au profit de méthodes laissant plus de place à l’individu et à l’acquisition de savoirs et de savoir-faire fondés sur l’expérience propre de l’élève.

Aujourd’hui, on compte environ 35 000 écoles Montessori à travers le monde dont environ 200 en France. La première école Freinet de Vence, devenue publique en 1991, est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Sources : O, Houdé « L’école du cerveau, de Montessori, Freinet et Piaget, aux sciences cognitives. », ed. Mardaga (2018)

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