Comment l’aider à (re)nouer avec les maths ?

Article publié le 22 janvier 2020 (mis à jour le 01 février 2023) - 0 commentaires
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Votre enfant ne veut plus entendre parler des tables de multiplication, le mot « équation » le hérisse, la géométrie est sa plus chère ennemie ?
Laëtitia Leroy

Laëtitia Leroy

Responsable du service pédagogie Acadomia

Votre enfant ne veut plus entendre parler des tables de multiplication, le mot « équation » le hérisse, la géométrie est sa plus chère ennemie ? Avant de le déclarer définitivement perdu pour la médaille Fields, vous pouvez sans doute l’aider à se réconcilier (au moins un peu) avec les mathématiques….  

Ne négligez pas l’initiation

Les parents sont très souvent soucieux de donner à leurs enfants, et ce dès leur plus jeune âge, l’amour des livres : ils savent en effet que les amener à prendre goût à la lecture en facilite l’apprentissage. Ainsi, on les met en contact le plus tôt possible avec la littérature jeunesse, on les emmène à la bibliothèque, on leur lit des histoires…. Les mathématiques ne suscitent pas, elles, un tel enthousiasme ! Il est pourtant important d’éveiller l’enfant au plaisir de la numération et du calcul, et ce dès la maternelle : donner des chiffres à colorier, apprendre à compter les bonbons, à les partager équitablement entre les membres de la famille, proposer des jeux de « pavages » (puzzles rudimentaires)etc. 

Autant d’activités très simples qui permettent d’amorcer chez les jeunes enfants les bases du raisonnement mathématique et aussi d’en faire, dès le départ, un exercice à la fois familier et agréable. Pourquoi ne pas joindre tout simplement le plaisir de la lecture aux mathématiques ? De nombreux albums de jeunesse initient les tout petits au monde des chiffres et des formes ; on peut citer par exemple Combien de doigts ? de Carla Dijs, L’Authomath de Grébille et Roman ou encore Monsieur Toutcarré de  Jérôme Rullier. 

Cherchez la cause

Lorsqu’on demande à quelqu’un, qui a eu à souffrir ou souffre encore de sa relation aux mathématiques, les causes de ce désamour, la réponse est lapidaire : il n’a « jamais aimé ça », n’y a de toute façon « jamais rien compris » parce qu’il n’avait décidément pas « la bosse des maths ». Le plus souvent pourtant, au moins jusqu’au collège, le divorce n’est pas encore consommé. Mais force est de constater que de nombreux élèves, à un moment donné, peinent à suivre, à apprendre des notions nouvelles et, peu à peu, perdent pied. Les mathématiques deviennent alors une matière honnie, désignée seule coupable. Pourtant, bien d’autres facteurs peuvent expliquer les difficultés rencontrées : il suffit par exemple que la relation à l’enseignant ne soit pas bonne, qu’il s’agisse d’incompréhension ou de crainte, et la confiance en soi s’émousse, l’élève n’essaie plus de trouver les solutions et se met en retrait.

Demandez-vous également si les difficultés survenues ne sont pas d’origine langagière : la compréhension écrite ou orale des consignes est importante pour réussir en mathématiques. Quelle que soit la cause identifiée, il s’agit alors de changer de cadre, pour éviter à votre enfant de s’enferrer dans ses problèmes ; faites-lui faire des maths avec quelqu’un d’autre que son enseignant, et pourquoi pas avec des enfants, plus jeunes ou plus vieux que lui, qui pourront expliquer ou se faire expliquer avec d’autres mots. 

Les mathématiques et vous

Interrogez-vous par ailleurs sur votre propre relation à cette matière réputée exigeante. Comme nous l’avons vu, pour que votre enfant aime durablement les mathématiques, il faut prendre garde à ménager un environnement favorable. Jeunes, les enfants s’identifient spontanément aux paroles et aux comportements de leurs parents. Ainsi, répéter à longueur de temps à quel point, à son âge, vous abhorriez les maths ne disposera pas favorablement votre enfant envers elles ! De la même façon, ne justifiez pas la « nullité » de votre descendance par les écueils que vous avez pu rencontrer par le passé : être doué ou non en maths ne doit rien à la génétique et surtout votre fatalisme semblera condamner tout espoir de progrès, et donc tout effort.

Attention également à l’excès inverse : vanter vos excellents résultats en algèbre ou en géométrie – ou pire, ceux d’un aîné – pourra l’amener à redouter de ne pas « être à la hauteur » ou, s’il est en pleine crise d’adolescence, à doucher votre trop grand enthousiasme par une résistance obstinée. N’en faites pas trop donc, ni dans un sens ni dans l’autre, mais cependant souvenez-vous que les élèves qui disent vouer une passion aux mathématiques ont des parents… qui aiment les maths ! 

Les mathématiques, pour quoi faire ?

Les mathématiques passent souvent pour une matière figée, immobile : les théorèmes enseignés remontent à l’Antiquité, et on ne parle pas de mathématiques « anciennes » ou « modernes » comme on peut le faire avec la littérature ou l’histoire. L’abstraction mathématique se situe hors du temps, et c’est justement cette abstraction qui est vécue par beaucoup d’élèves comme une frustration : privés de liens avec le concret, ils perdent un repère fondamental. Pourtant, les mathématiques sont omniprésentes dans notre vie quotidienne : les innovations dans les domaines de la météo, de la médecine, de l’informatique sont possibles grâces aux applications mathématiques. Certes, tout cela reste plus facile à expliquer par un spécialiste, que vous n’êtes sans doute pas.

Mais vous pouvez aider votre enfant à lier les mathématiques à d’autres domaines de connaissance, moins abstraits : l’activité mathématique se retrouve dans les civilisations les plus anciennes, dans lesquelles il fallait mesurer un champ, calculer pour les échanges… Dans le monde des arts, les tableaux de Mondrian, de Kandinsky permettent de « voir » la beauté mathématique, d’appréhender autrement la géométrie, tout comme la pratique de l’origami. Ou la peinture comme moyen de saisir le sens de la formule de Leopold  Sedar Senghor « les mathématiques sont la poésie des sciences »… 

Faire des maths… un jeu d’enfant

Finalement, parvenir à mesurer et apprécier la part de gratuité ludique et de beauté des mathématiques est peut-être le plus sûr moyen de renouer avec elles. En effet, pour qu’un enfant adhère à une activité, il faut tout simplement qu’il y prenne du plaisir que cela devienne pour lui une sorte de jeu. Et de fait, on constate que plus les élèves ont plaisir à faire des mathématiques, moins ils s’interrogent sur leur côté utilitaire.  

Si pour les toutpetits le jeu est une très bonne approche du monde mathématique, cela reste vrai pour des collégiens ou des lycéens. De nombreux jeux qui leur sont accessibles utilisent en effet le raisonnement déductif et la logique : le Master Mind, les grilles de Sudoku, les jeux de cartes reposant sur une stratégie (tarot, poker) ou encore les jeux vidéo « d’entraînement cérébral ».  Jouer, se tromper, recommencer aide l’enfant à comprendre qu’il peut progresser en s’entraînant régulièrement. Renouer avec les mathématiques, c’est finalement reprendre confiance en son agilité intellectuelle, en sa capacité à raisonner, à comprendre et donc à penser… pas seulement en mathématiques ! 

 

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