2. Techniques pour lire oralement avec application
Divers points nécessitent d’être travaillés, par vous-même, en classe, ou avec un groupe de personnes.
Apprendre à ar-ti-cu-ler
Lire à voix haute, ce n’est pas comme lire pour soi-même, dans sa tête. Le débit n’est pas le même, et la diction a toute son importance.
L’articulation claire est, de ce fait, essentielle pour assurer la compréhension de votre auditoire, à plus forte raison s’il s’agit d’enfants, d’une grande assemblée ou de personnes malentendantes. Idem si vous vous adressez à des personnes proches, ou si vous devez vous exprimer en lisant dans un micro : la diffusion du son n’est pas la même.
Pour cela, exercez-vous en prononçant exagérément les syllabes compliquées avant votre lecture. Vous pouvez avoir l’impression que cela n’est pas naturel. Mais cet exercice vous assurera une façon de parler claire. Et plus vous serez à l’aise avec votre lecture (que parfois, vous aurez bien en mémoire), plus votre expression sera naturelle.
Bien rythmer sa lecture
Le rythme et les pauses jouent un rôle déterminant dans l’efficacité de la transmission du message. Ils contribuent à faire passer les émotions. La ponctuation est un bon indicateur des pauses et des intonations à respecter.
Pour le début du poème de Victor Hugo : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends » une courte pause après chaque virgule permet une respiration naturelle, tandis qu’une pause plus marquée après « je partirai » crée une attente dramatique. C’est d’autant plus marqué que, dans la poésie, « je partirai » est à la ligne : stylistiquement, il s’agit d’un rejet, ce qui accentue encore plus l’importance de ce propos.
De même, André Malraux, dans son discours pour Jean Moulin, utilise remarquablement les pauses : « Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. » Une pause forte après « Entre ici » donne solennité et puissance émotionnelle à la phrase.
Quand on lit un texte dans un micro, une bonne astuce est de s’obliger à faire une pause d’une seconde après les virgules, et de deux secondes après un point. Cela permet au son de se diffuser correctement dans l’espace. Et c’est encore plus nécessaire lorsque le texte est lu en plein air.
Également, le rythme général des phrases conditionne fortement la dynamique et l’impact émotionnel de votre lecture. Les phrases courtes créent souvent une tension dramatique ou une accélération, tandis que les phrases plus longues permettent de développer une atmosphère ou une idée complexe. Ainsi, Malraux alterne habilement des phrases courtes et des phrases longues pour créer un crescendo émotionnel intense.
Varier l’intonation
Les intonations donnent vie et émotion au texte. Elles vous permettent aussi, en tant que lecteur, de faire passer votre propre interprétation du texte lu à voix haute. Dans « J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps », le rythme des alexandrins nous invite à accentuer légèrement les mots « forêt » et « montagne » pour marquer la détermination du voyageur, tout en utilisant une intonation descendante sur « longtemps » pour exprimer la tristesse. En effet, Hugo a écrit ce poème suite au décès accidentel de sa fille Léopoldine.
Malraux utilise aussi l’intonation pour amplifier le sens de ses paroles : « Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ! » Ici, l’intonation montante puis descendante sur « en ayant parlé », soulignée par le point d’exclamation à l’écriture du discours, dramatise fortement l’idée évoquée par la trahison sous la torture.
Gérer son souffle quand on lit le texte
Gérer le souffle permet d’éviter la fatigue vocale (et donc des cordes vocales) et de maintenir un débit fluide. Respirez profondément, par le ventre, aux pauses que vous avez préalablement identifiées.
Tous ces conseils sont utiles dans de nombreuses circonstances. C’est particulièrement le cas pour les lycéens de première qui passent leur oral de français : ils doivent systématiquement faire une lecture à voix haute du texte face à leur examinateur.
3. Être attentif à sa communication non verbale
Votre corps parle autant que votre voix. Une bonne communication non verbale renforce considérablement l’impact de votre lecture. Adoptez une posture droite et stable, ouverte vers l’audience, que vous lisiez assis ou debout. Vos mains peuvent accompagner discrètement vos propos, sans exagération, pour souligner les moments clés.
Établissez un contact visuel régulier avec vos auditeurs pour instaurer un climat de confiance et de proximité. N’hésitez pas à balayer le groupe de personnes auquel vous vous adressez de vos yeux, pour que tout le monde se sente inclus à tour de rôle. Un regard posé, calme et bienveillant montre que vous êtes en pleine maîtrise de votre texte, rassure votre auditoire et capte son attention.
4. Quelques erreurs à éviter
Certaines erreurs fréquentes peuvent nuire à votre lecture et altérer la perception du public :
- Évitez la monotonie : fréquente chez les lecteurs débutants, en variant l’intensité vocale, le rythme et l’intonation. Cela évitera à votre auditoire de décrocher rapidement.
- Ne lisez pas trop vite : une vitesse excessive empêche votre auditoire de saisir pleinement le sens et l’émotion véhiculés par le texte. Adoptez un tempo modéré, adapté à la complexité du texte et aux circonstances de sa lecture.
- Respectez scrupuleusement la ponctuation : elle est votre meilleure alliée pour structurer efficacement votre discours. Ignorer la ponctuation ou mal l’interpréter peut totalement dénaturer le sens de votre texte.
- Rester plongé dans votre texte sans jamais regarder votre auditoire : sous l’effet du stress, cette erreur est fréquente. Prenez sur vous, obligez-vous vraiment à inclure les personnes qui vous écoutent lire en les regardant.