Vers une éducation plus holistique ?

Article publié le 02 juin 2020 (mis à jour le 01 février 2023) - 0 commentaires
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Aux quatre coins du globe, de nouvelles méthodes éducatives prônent le développement de la globalité de l'intelligence chez l'enfant, et plus seulement l'intellect au sens strict.
Svenia Busson

Svenia Busson

Aux quatre coins du globe, de nouvelles méthodes éducatives prônent le développement de la globalité de l’intelligence chez l’enfant, et plus seulement l’intellect au sens strict. L’éducation holistique consiste à valoriser un apprentissage complet, entre autres à l’extérieur des murs, et à favoriser la curiosité et l’entraide. Regardons de plus près comment différents pays parviennent à créer cet équilibre dans les écoles.

Les limites du système éducatif traditionnel pour l’épanouissement des élèves

Il suffit de se souvenir des classes en extérieur, dans la forêt, auprès d’un professeur en Sciences naturelles pour ressentir une émotion particulière. Celle de faire partie du monde et de son histoire à travers le temps. Marcher 4.6 km pour découvrir l’origine de 4.6 milliards d’années. Les dinosaures, l’humanité, jusqu’à cette forêt, vierge de toute activité humaine. Les enfants que nous étions alors ont gardé mille souvenirs de ces moments, plus que des cours académiques entre quatre murs.

Parmi ces enfants d’alors et de maintenant, beaucoup n’aiment pas l’école. Certains même développent des angoisses profondes jusqu’à la phobie scolaire. Ce qui entraîne bien souvent un échec du parcours éducatif qui se répercute sur les enfants qui pensent être eux-mêmes des échecs.

Et pourtant, ils sont aussi nombreux parmi eux à avoir développé une intelligence multiple, des compétences socio-émotionnelles, qui ne sont toujours pas valorisées dans le système éducatif français actuel. Certes, des écoles privées hors contrat (comme les écoles Montessori) peuvent mettre en place des pédagogies alternatives, qui visent à développer davantage ce type de compétences, mais elles ne s’adressent qu’à une petite partie de la population et à certaines classes d’âges (les plus jeunes).

Mais le mouvement de créativité éducative est plus vaste que cela ! En France, Judith Grumbach a réalisé en 2017 un documentaire, « Une Idée Folle » sur le changement éducatif qui s’opère dans certaines de nos écoles. Pour cela, elle a filmé les enseignants et les élèves dans 9 écoles, privées et publiques, dispersées dans tout le pays. Des écoles qui prônent la bienveillance plutôt que la compétition des notes, l’entraide et une progression basée sur l’encouragement.

Alors, est-ce vraiment une idée folle que de vouloir transformer l’éducation, de la rendre plus holistique ? Soit une manière de prendre en compte l’enfant dans sa globalité ? Pour découvrir des procédés différents, autant dans l’apprentissage que dans le cadre où celui-ci se déroule, il faut découvrir les méthodes des écoles à l’étranger.

Les initiatives holistiques des écoles à l’étranger

Pour comprendre les nouvelles pédagogies qui émergent, il est intéressant de se pencher sur les systèmes éducatifs dans le monde. La liberté accordée aux écoles privées notamment a laissé naître des approches innovantes.

En Nouvelle-Zélande

Dans ce pays, les écoles définissent elles-mêmes leur projet pédagogique. Des établissements ont ainsi pu s’adapter aux enfants d’origine Maori (les premiers peuples de Nouvelle-Zélande) dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Il n’est par exemple plus question d’apprendre des dates par cœur, mais d’entrer dans l’univers de cette date historique.

Dans une école de la banlieue d’Auckland, Point England School, l’apprentissage se fait en groupe où chacun participe à l’élaboration d’une œuvre plastique, littéraire, d’images, qui rendront les informations tangibles. Des projets collaboratifs peuvent ainsi naître sous l’impulsion d’un devoir à réaliser. Car les élèves, encouragés dans leur démarche, montrent leur curiosité et s’approprient un sujet dont ils veulent tout connaître.

Dans un objectif d’autonomie, les élèves ont leur propre blog dès l’équivalent du CE1. Cela peut sembler fou et pourtant : ils le gèrent parfaitement bien ! Il s’agit pour eux de décrire un apprentissage qui les a marqués, mais pas seulement à l’école : partout ailleurs, sur le monde extérieur ou sur eux-mêmes. Dès cet âge, ils comprennent alors qu’ils ont un rôle à jouer dans la société.

En Estonie

Ce pays que l’on connaît mal a pourtant bien des atouts à faire valoir, notamment dans le domaine éducatif. Il a ainsi développé une pédagogie originale qui mêle matières académiques et activités manuelles. Si bien qu’il n’est pas rare de voir dans une école des groupes en train de travailler sur un projet d’écriture collaborative sur une tablette. Quand un autre prépare un gratin aux légumes avec leur professeur de cuisine ou bricole à coups de marteau. Tous ces cours font partie du programme estonien. Lequel donne aux élèves tous les moyens d’apprendre et de s’exprimer selon leur appétence.

En Finlande

En Finlande l’apprentissage de l’empathie et de l’écoute active est également intégré dans les programmes scolaires et dans la formation des enseignants. Il peut notamment s’agir pour les élèves d’observer et d’identifier les forces et les qualités de leurs camarades et de faire apprécier leurs remarques à toute la classe. Cette méthode favorise la confiance en soi grâce à l’image que les autres renvoient comme un miroir.

Au Danemark

Dans le pays où la population est la plus heureuse au monde selon différentes études, l’État promeut la diversité éducative. Pour cela, il finance toutes les nouvelles écoles alternatives à partir de la première année, à condition qu’elles ne soient pas religieusement dogmatiques et qu’elles suivent la majorité du programme scolaire danois.

À Copenhague, l’École Verte accompagne les élèves dans leur découverte de la nature et de ses cycles. Ils passent ainsi beaucoup de temps à l’extérieur, à faire cours, mais aussi à observer et comprendre. Plutôt que de rester en classe avec uniquement des images dans des livres ou sur support numérique.

Les enseignants leur apprennent aussi à s’interroger et à débattre des grandes thématiques de société, et ce, dès 6 ans. L’égalité homme-femme fait notamment partie des sujets prépondérants. En parallèle, il n’est pas rare de croiser des élèves en pleine séance de yoga, à l’intérieur ou à l’extérieur du bâtiment.

Peut-on évaluer les élèves dans les méthodes holistiques ?

Parmi les expériences les plus à même d’enthousiasmer les élèves, le théâtre en est une enrichissante à tous points de vue. Toute la classe s’investit, sans distinction de genre, pour créer les décors, coudre les costumes, mettre en scène. Un projet collectif comme celui-ci génère une cohésion de groupe, un travail d’équipe. Tout comme il permet de gérer les imprévus et le stress inhérents à la représentation. En somme, c’est une expérience concentrée de la vie.

Mais comment évaluer une pareille pédagogie ? Ou plutôt, pourquoi faudrait-il absolument mettre au point un barème ? Mesurer des compétences comme l’entraide, la collaboration, la créativité, la pensée critique, l’imagination, la prise de parole ne rime finalement à rien, sinon qu’à vouloir mettre les élèves dans des cases. Ces compétences sont essentielles et elles ne peuvent pas être évaluées de façon quantitative. Pour valider la capacité d’apprentissage de ces méthodes, il est important de l’accepter.

Ce rêve d’une éducation plurielle n’est pas une utopie. En France et dans le monde entier se développent des pédagogies alternatives, de sorte à préparer les enfants à un avenir où ils seront plus à l’écoute les uns des autres et de leurs aspirations personnelles. Le concept d’une éducation holistique qui rassemble la tête, le cœur et le corps existe dans d’autres pays comme une pédagogie qui va de soi. Pourquoi ne pas l’essayer et garantir à tous les élèves, surtout à ceux qui n’aiment pas l’école telle qu’elle est, un apprentissage concret ?

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