Les homophones sont probablement l’un des domaines de l’orthographe française le plus source d’erreurs, posant problème aussi bien aux élèves qu’aux adultes. Leur principal piège tient au fait qu’ils se prononcent de la même manière, mais n’ont ni le même sens ni la même orthographe. Cette apparente similitude peut transformer un texte correct en un amas de fautes qui modifie le sens, gêne la compréhension, ou diminue la crédibilité de l’auteur.
Pourtant, comprendre et maîtriser les homophones n’est pas un objectif inaccessible. Avec des explications claires, des exemples concrets et un entraînement régulier, notamment en cours de français, il devient possible de les utiliser correctement. Ce guide complet s’adresse donc aux élèves, du primaire au lycée, mais aussi à tous les adultes désireux d’améliorer leur orthographe.
Lire la suite
Qu’est-ce qu’un homophone : définition
Un homophone est un mot (ou un groupe de mots) qui se prononce de la même manière, mais dont l’orthographe et le sens diffèrent.
Des mots qui se prononcent pareil
Ainsi, « peut », « peux » et « peu » sont trois homophones : un verbe conjugué, un verbe conjugué à une autre personne, et un adverbe. Or, la prononciation étant identique, seule la grammaire, ou parfois le contexte lexical, permet d’identifier la bonne forme.
Exemples :
- Ton enfant peut venir à la maison demain. (verbe pouvoir)
- Le chat boit peu de lait. (adverbe)
- Tu peux m’aider ? (verbe pouvoir)
La prononciation est identique : à l’oral, rien ne distingue les trois. Mais la fonction grammaticale diffère. L’écrit exige donc une réflexion systématique. C’est cette diversité silencieuse qui fait des homophones un piège fréquent : vous ne pouvez pas uniquement « écouter » pour savoir écrire ces mots. Vous devez réfléchir.
Distinguer les deux grandes familles d’homophones
Les homophones se divisent en deux grandes catégories :
- Les homophones grammaticaux, qui relèvent de la grammaire (verbes, pronoms, prépositions…)
- Les homophones lexicaux, qui relèvent du vocabulaire (noms, adjectifs…)
Commençons par les premiers, les plus fréquents dans les fautes de copie.
Besoin d’un peu d’aide en français ?
Avec un professeur Acadomia, votre enfant va gagner confiance en lui et bien progresser
Les homophones grammaticaux
Les homophones grammaticaux regroupent des mots dont la différence repose sur leur nature grammaticale : déterminants, verbes conjugués, pronoms, prépositions. Ils sont très fréquents, parfois minuscules, mais ils peuvent changer complètement le sens d’une phrase.
Quels sont les principaux homophones grammaticaux : la liste
Voici notre sélection de 7 groupes d’homophones grammaticaux sur lesquels les élèves suivant des cours particuliers Acadomia s’exercent le plus.
Peu / peut / peux
Ces trois formes du même son demandent une véritable analyse grammaticale.
- Peu est un adverbe qui signifie « en petite quantité ». → Exemples : Il mange très peu le matin. Vous avez fait peu d’erreurs.
- Peut est le verbe pouvoir à la 3ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. → Exemple : Il peut réussir.
- Peux est la forme du même verbe au même temps, à la 1ʳᵉ ou 2ᵉ personne du singulier. → Exemples : Je peux vous aider. Tu peux venir, s’il te plaît ?
Astuce : pour savoir s’il faut écrire peu, peut ou peux, remplacez par « pouvait ». Si la phrase reste correcte, c’est peut ou peux.
Prêt / près
Une confusion fréquente, car les « près » et « prêt » appartiennent à diverses catégories.
- Prêt peut être un adjectif signifiant « préparé ». → Exemples : Il est prêt à partir. Sont-ils prêts pour l’examen ?
- Prêt est aussi un nom commun désignant un emprunt. → Exemple : Elle a souscrit un prêt à sa banque.
- Près est enfin un adverbe indiquant une proximité. → Exemples : Marine habite près du collège. Rapprochez-vous près de la fenêtre.
Astuce : si vous pouvez remplacer par « proche de », il faut écrire près.
C’est / s’est / sais / sait
Ces quatre formes (c’est, s’est, etc.) sont parmi les homophones les plus piégeux.
- C’est = cela est. → Exemple : C’est une bonne idée.
- S’est = pronom réfléchi « se » + verbe être. → Exemple : Elle s’est levée tôt ce matin.
- Sais et sait = conjugaison du verbe « savoir » à la 1ʳᵉ ou 2ᵉ personne du singulier (sais) ou encore à la 3ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. → Exemples : Je sais que tu te caches. Tu sais bien jouer de la guitare. Antoine sait compter jusqu’à 100.
Astuce : si on peut remplacer par « cela est », utiliser c’est.
À / a
Les fameux a avec ou sans accent. Deux mots minuscules mais fondamentaux.
- À = une préposition. → Exemple : Je vais à Paris.
- A (sans accent, donc) = verbe avoir conjugué à la 3ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. → Exemple : Le bébé a une drôle de tête.
Astuce : remplacez par « avait ». Si c’est correct, il s’agit de « a ». Vous ne ferez ainsi plus jamais l’erreur entre a ou à !
Quel / qu’elle
Ici aussi, on a affaire à des homophones très (trop ?) souvent confondus. Faut-il écrire quel ou qu’elle ? Vaste question !
- Quel et quelle (au féminin) = adjectifs interrogatifs ou exclamatifs. → Exemples : Quel jour est-on ? Quelle histoire !
- Qu’elle (et qu’elles) = que + elle(s). → Exemples : Il faut qu’elle vienne. Je ne sais pas ce qu’elles ont en tête.
Astuce : si vous pouvez remplacer par « qu’il(s) », il s’agit de qu’elle(s). Attention seulement au singulier ou au pluriel du pronom personnel féminin.
Son / sont
Ici encore, un grand classique rencontré en salle de classe et en soutien scolaire.
- Son = déterminant possessif dans la majorité des cas. On peut aussi le rencontrer sous forme de nom commun. Dans ce cas, il correspond soit à un bruit, soit à un résidu de céréale. → Exemples : C’est son livre. Le mur du son a été franchi. Je mange du pain au son.
- Sont = le verbe être conjugué à la 3ᵉ personne du pluriel du présent de l’indicatif. → Exemple : Les poules sont dans le jardin.
Astuce : afin de savoir si vous devez mettre « sont ou son, remplacez par « étaient ». Si la phrase fonctionne, utilisez alors « sont ».
Met / mets / mais
Ces homophones réservent bien des surprises.
- Met = verbe mettre à la 3ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. → Exemple : Le chien met sa patte sur mon genou.
- Mets = verbe mettre, notamment à la 1ʳᵉ ou 2ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. C’est aussi un nom commun désignant un plat rempli de nourriture. → Exemple : Je mets mon bonnet. Tu mets tes bottes. Ces mets sont appétissants.
- Mais = conjonction de coordination marquant une opposition. → Exemple : J’aimerais bien venir, mais je suis fatigué.
Astuce : si vous pouvez remplacer par « pourtant », c’est « mais ».
Nous n’avons, par ailleurs, pas dressé ici la liste complète de tous les homonymes de cette famille. Un article détaille tous les met, mais et autres m’est, si vous souhaitez en apprendre davantage.
Les homophones lexicaux : quels sont-ils ?
Les homophones lexicaux ne dépendent pas de la grammaire, mais du principalement sens. Le contexte est le seul moyen de les distinguer.
Le français est la bête noire de votre enfant ?
Et si vous tentiez des cours particuliers ?
Voici les exemples les plus courants.
Air / aire / ère / erre
- Air = ce que l’on respire, une apparence ou une mélodie. → Exemples : L’air de la montagne est pur. Il a l’air content de lui. Cet air de Chopin est ravissant.
- Aire = surface délimitée. → Exemple : Nous sommes sur une aire de repos.
- Ère = période historique. → Exemple : Avant cette période, il y a eu l’ère glaciaire.
- Erre = élan (usage plutôt littéraire). → Exemple : La barque continue d’avancer sur son erre.
Mer / mère / maire
- Mer = étendue d’eau salée.
- Mère = parent féminin.
- Maire = élu d’une commune.
Exemple avec les trois mots : La mère du maire marche au bord de la mer.
Ver / vert / verre / vers
- Ver = petit animal au corps mou et sans pattes.
- Vert = couleur.
- Verre = récipient ou matière.
- Vers = direction ou ligne poétique.
Exemple (un peu absurde) avec différentes acceptions de ces homophones : Un verre (récipient) à la main, elle récite des vers (ligne poétique), tout en se dirigeant vers (direction) un siège vert (couleur) en forme de ver (petit animal).
Compte / conte / comte
- Compte = calcul, évaluation (et aussi forme de conjugaison du verbe compter au présent de l’indicatif). → Exemple : Il a tout consigné dans un livre de comptes.
- Conte = récit souvent imaginaire. → Exemple : La maîtresse lit le conte du Petit chaperon rouge.
- Comte = titre de noblesse. → Exemple : Monsieur le comte habite un château.
Pair / paire / père
- Pair = égal ou membre d’un groupe. → Exemple : Nous aimons dîner entre pairs au restaurant.
- Paire = ensemble de deux. → Exemple : Mets ta paire de gants pour ne pas avoir froid aux mains.
- Père = parent masculin. → Exemple : Mon père était une personne très douce.
Reine / rêne / renne
- Reine = souveraine. → Exemple : Elizabeth II a été une grande reine d’Angleterre.
- Rêne = bande pour diriger un cheval. → Exemple : Il tire sur les rênes pour arrêter son cheval.
- Renne = animal nordique. → Exemple : Le traîneau du Père Noël est tiré par des rennes.
Cerf / serf / sers / sert / serre
- Cerf = animal. → Exemple : Bambi devient un cerf magnifique.
- Serf = paysan non-libre au Moyen Âge. → Exemple : Le serf devait respect à son seigneur.
- Sers / sert = verbe servir à la 1ʳᵉ ou 2ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif, ainsi qu’à la 3ᵉ personne du singulier. → Exemples : Je sers le thé à cinq heures. Tu te sers bien de cet outil. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » (proverbe utilisé dans la fable Le lièvre et la tortue de Jean de La Fontaine).
- Serre = griffes d’oiseau de proie ou structure close servant à favoriser la croissance des plantes. → Exemples : Les serres de l’aigle sont acérées. Je fais pousser des tomates dans ma serre. (On omet volontairement ici la conjugaison du verbe serrer.)
Cour / cours / court / courre
- Cour = espace généralement clos ou l’entourage d’un monarque. → Exemples : La cour de récréation est grande. La cour de Louis XIV était à Versailles.
- Cours = leçon ou verbe courir à la 1ʳᵉ ou 2ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. → Exemples : Le cours de maths commence. Je cours un marathon dans huit jours. Tu cours le risque de perdre.
- Court = adjectif ou verbe courir à la 3ᵉ personne du singulier du présent de l’indicatif. → Exemples : « Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme ! » (début de la fameuse tirade du nez, in Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand). Elle court à perdre haleine.
- Courre = verbe rare et vieilli utilisé dans l’expression « chasse à courre ».
Apprendre à mieux utiliser les différents types d’homophones
Prenez un moment pour appliquer ce que vous venez d’apprendre. Ces exercices vous permettront de vérifier votre compréhension des homophones grammaticaux et lexicaux, et ainsi, de renforcer vos réflexes.
Exercice 1 – Homophones grammaticaux (niveau collège 6ème-5ème)
Consigne : pour chaque phrase, choisissez la bonne solution parmi les deux propositions. Une seule réponse est correcte.
- Il peut/peux venir demain.
- Je peu/peux vous aider un peu/peut si vous le voulez.
- Nous sommes presque près/prêts.
- Elle habite près/prêt de sont/son école.
- C’est/s’est un petit merle qui sais/s’est mis à chanter.
- L’enfant sait/s’est levé très tôt ce matin.
- Le loup a/à emporté l’agneau jusqu’a/à la forêt.
- Quelle/quel livre est sur la table ?
- Qu’ils son/sont beaux, les son/sons de cet instrument !
- Il met/m’est toujours son manteau avant de sortir, mais/mai aujourd’hui, il a oublié.
Correction : 1. peut ; 2. peux / peu ; 3. prêts ; 4. près / son ; 5. c’est / s’est ; 6. s’est ; 7. a / à ; 8. quel ; 9. sont / sons ; 10. met ; mais
Envie de plus s’exercer afin de mieux progresser ?
Inscrivez votre enfant à des cours en groupe hebdomadaires : vous ferez vite la différence
Exercice 2 – Homophones lexicaux (niveau primaire CM1-CM2)
Consigne : dans cet exercice, pour chaque phrase, choisissez la forme correcte parmi les deux homophones proposés. Une seule réponse est correcte.
- La mer/mère est agitée aujourd’hui : les vagues sont hautes.
- Le comte/conte raconte une histoire à ses invités.
- Il voudrait une père/paire de lunettes.
- Le cheval avance au pas : il faut tenir les rênes/rennes bien droits.
- Le serre/cerf aux grands bois traverse la clairière en silence.
- Si tu as soif, prends un autre verre/ver.
- La maison se trouve vert/vers le parc.
- Nous entrons dans une nouvelle air/ère technologique.
- Mon père/paire ne veut pas que je rentre trop tard à la maison.
- La voiture continue d’avancer sur son air/erre.
Correction : 1. mer ; 2. comte ; 3. paire ; 4. rênes ; 5. cerf ; 6. verre ; 7. vers ; 8. ère ; 9. père ; 10. erre
À retenir
Les homophones sont un passage obligé pour écrire correctement en français.
Ils exigent :
- Une analyse grammaticale.
- Une compréhension profonde du sens des mots et des phrases dans leur contexte.
- Une vigilance constante, car la prononciation ne suffit jamais.
En utilisant quelques astuces simples et en s’exerçant régulièrement, vous et votre enfant pouvez maîtriser même les familles d’homophones les plus complexes.
La clé est simple : ne vous fiez jamais à l’oreille, mais au sens et à la grammaire. Si besoin, les cours et exercices proposés par Acadomia peuvent vous accompagner dans cet apprentissage.
- Trucs et astuces pour améliorer son orthographe efficacement
- Réussissez à écrire sans ou s’en à tous les coups
- Prêt ou près : comment ne plus les confondre ?
- A ou à ? Comment ne plus jamais se tromper
- Le casse-tête des met, mais et autres m’est
- Quel ou qu’elle ? Écrivez-les enfin correctement
- Peu, peut, peux : comment ne plus se tromper ?
Les réponses à vos questions
Un homophone, c’est quand deux mots se prononcent pareil, mais ne s’écrivent pas pareil.
Exemple : mer / mère / maire → même son, mais orthographe différente.
Un homonyme, est un mot plus général : il désigne des mots qui se prononcent pareil et/ou qui s’écrivent de la même façon, mais dont le sens change.
Exemple : vol (ce que fait un oiseau) / vol (un cambriolage) → même orthographe, sens différent.
En définitive, un homophone = un type d’homonyme.