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De quoi parle-t-on avec la nouvelle orthographe ?

Article publié le 27 novembre 2025 (mis à jour le 27 novembre 2025) - par Marie Tran
6 minutes

Évènement, portemonnaie, weekend, compte-gouttes… vous avez sûrement déjà croisé des façons variables d’écrire ces mots. La dernière grande « réforme » proposée en 1990 (voilà 35 ans, tout de même) se diffuse progressivement, tout en cohabitant avec des formes plus anciennes d’orthographe. Ces modifications timides reviennent fréquemment sur le devant de la scène et s’illustrent parfaitement dans les manuels des cours de français. En effet, certains ouvrages privilégient des formes nouvelles, alors que d’autres conservent une orthographe plus traditionnelle.

Cet article vous accompagne pour comprendre ce qu’a réellement changé la dernière réforme orthographique et ce qu’elle apporte à notre langue. L’objectif : vous permettre d’y voir clair, loin des polémiques.

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Elève écrit sur un cahier d'école Acadomia

Une langue vivante : changer l’orthographe n’a rien de nouveau

Contrairement à ce que l’on imagine parfois, la stabilité de l’orthographe française est un phénomène récent. Pendant des siècles, la langue écrite n’était pas normalisée. Les textes médiévaux et de l’époque moderne montrent une grande variation : un même mot pouvait s’écrire de plusieurs manières dans un même document, selon le scribe, la région ou la tradition locale.

Le rôle de l’Académie française

L’Académie française, fondée au XVIIᵉ siècle, n’a pas figé la langue d’un trait de plume : elle a progressivement fixé certaines règles, puis en a modifié d’autres. Les éditions successives du fameux Dictionnaire témoignent d’ajustements réguliers : suppression de consonnes doublées, nouvel équilibre entre étymologie et prononciation, adaptation des emprunts, etc.

C’est précisément cette dynamique qui explique la réforme de 1990. Non pour bouleverser la langue, mais pour corriger diverses anomalies, des incohérences devenues trop nombreuses, des graphies difficiles à justifier pédagogiquement, améliorer son orthographe et tout simplement, suivre une évolution des habitudes d’écritures.

Pourquoi une réforme de l’orthographe en 1990 ?

En 1990, le Conseil supérieur de la langue française propose une série de recommandations pour harmoniser, simplifier et clarifier certaines règles orthographiques. L’Académie française valide ces propositions le jour même. Rien n’a été imposé : il s’agit d’une réforme facultative, conçue pour être progressivement adoptée par l’usage.

Le ministère de l’Éducation nationale a ensuite intégré la nouvelle orthographe dans ses programmes scolaires : depuis 2008, le Bulletin officiel précise que les deux graphies sont correctes, et qu’aucune ne peut être pénalisée dans un devoir.

Cette approche souple explique la coexistence actuelle : la langue évolue, mais sans rupture, sans obligation et sans bouleversement.

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Des changements de langue qui se répercutent dans les diverses éditions de dictionnaires

Les évolutions du français ne se manifestent pas uniquement par des réformes orthographiques : elles se voient aussi très concrètement dans les nouveaux mots admis chaque année par les grands dictionnaires (Larousse, Le Robert). Ces entrées révèlent l’attention portée par les maisons d’édition à l’usage réel des locuteurs et aux transformations de la société.

Petit florilège des derniers ajouts en 2025 et 2026

L’intégration de termes comme « capé », anglicisme désormais utilisé pour désigner une personne qualifiée dans son domaine, ou « dramédie », qui nomme ces œuvres mêlant comédie et drame, illustre l’ouverture du français aux influences culturelles et médiatiques.

D’autres ajouts traduisent des préoccupations contemporaines : « écogeste », qui valorise les actions quotidiennes pour réduire notre impact environnemental, ou « potabiliser » (rendre l’eau potable), se répand dans les discussions liées à l’eau et à la santé publique.

Numérique et sport à l’honneur

Le numérique a également apporté ses mots, comme « like », marqueur d’approbation devenu incontournable dans les échanges en ligne, ou encore « bot », ces programmes informatiques souvent basés sur l’IA (intelligence artificielle).

Enfin, l’apparition de « paralympien », de « cécifoot » ou de « badiste » témoigne d’un souci de précision et de reconnaissance pour les athlètes dans toute leur singularité, y compris le handicap.

Ces nouveaux termes montrent que le français évolue naturellement, au rythme des usages, des innovations et des besoins du monde actuel.

Voyons à présent ce que les changements orthographiques préconisés en 1990 changent concrètement.

Qu’est-ce que la nouvelle orthographe française modifie vraiment ? Quels sont les mots qui ont changé ?

La réforme de 1990 ne modifie pas les bases de l’orthographe moderne, ni les règles générales. D’ailleurs, elle touche à peine 2000 mots. Une paille. De fait, elle intervient sur des zones limitées, mais significatives. Ses objectifs sont simples et mesurés :

  • Cohérence graphique.
  • Simplification de familles de mots.
  • Régularisation de certains pluriels.
  • Unification des traits d’union et des soudures.
  • Adaptation de certaines conjugaisons.

Les accents graves, aigus et circonflexes : simplification et cohérence

Certaines graphies perdaient en cohérence : pourquoi conserver un accent circonflexe lorsqu’il n’avait aucun rôle distinctif ? Pourquoi deux formes différentes d’accents dans la même famille de mots ?
Voici quelques exemples d’ajustements logiques.

Type d’accent Avant Après
Accent circonflexe retiré coût cout
Accent circonflexe retiré abîme abime
Accent circonflexe retiré traîne traine
Accent accent grave plutôt que aigu événement évènement
Accent accent grave plutôt que aigu réglementaire règlementaire
Accent accent grave plutôt que aigu je céderai je cèderai

À noter : les mots conservant leur accent circonflexe sont ceux pour lesquels la distinction de sens est nécessaire, comme « sûr » vs « sur », « jeûne » vs « jeune », « dû » vs « du », ou encore « côte » vs « cote ».

Les trémas : un placement plus logique

La réforme préconise de repositionner le tréma sur la voyelle à prononcer distinctement pour que le lecteur identifie immédiatement la prononciation correcte.

Ainsi :

  • Aiguë devient aigüe
  • Ciguë devient cigüe

Il est, par ailleurs, proposé de rajouter un tréma sur certains mots dont la prononciation est ambigüe (ou ambiguë, selon l’ancienne forme), comme :

  • Arguer → argüer
  • Gageure → gageüre

Francisation de mots empruntés

Certains noms communs étrangers passés dans notre langue courante voient leur façon d’être écrite plus adaptée à la nôtre (adaptations alphabétiques, accents, terminaisons, etc.)

Parmi eux, on a :

  • Maelström → maelstrom
  • Brasero → braséro
  • Leader → leadeur
  • Lychee ou letchi → litchi

Les pluriels sont aussi adaptés à l’usage français, comme pour les mots d’origine italienne (un imprésario → des imprésarios ; un scénario → des scénarios) ou anglosaxonne (un box → des box ; un match → des matchs).

Les pluriels des mots composés : une règle simplifiée

Les pluriels traditionnels dépendaient d’une logique historique souvent obscure. La nouvelle orthographe propose une modification simple pour les noms composés d’un verbe/préposition + nom : on met la marque du pluriel uniquement sur le deuxième mot et exclusivement lorsqu’il est au pluriel. C’est par exemple le cas pour :

Avant Après
Un compte-gouttes / des compte-gouttes Un compte-goutte (sans -s) / des compte-gouttes
Un après-midi / des après-midi Un après-midi / des après-midi (avec -s)

Quelques exceptions logiques : on écrit un sèche-cheveux, car on en sèche toujours plusieurs), ou encore, des abat-jour (sans -s au pluriel, car c’est le jour et non des jours qui sont abattus).

La soudure de mots courants : une évolution naturelle

Quand deux mots fonctionnent comme une seule unité de sens, il est logique de proposer de les souder, surtout lorsque l’usage s’oriente dans cette direction. Voici quelques exemples :

Avant Après
tic-tac tictac
week-end weekend
porte-monnaie portemonnaie
sage-femme sagefemme
tire-bouchon tirebouchon
a priori apriori
ex libris exlibris

De plus peuvent, entre autres, s’écrire en un seul mot les mots composé de :

  • Préfixes latins tels intra- ou ultra-.
  • Préfixes comme contre- et entre-.
  • Onomatopées ou assimilées.
  • Noms d’origines étrangères.

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Certains pluriels usuels modernisés

Les mots empruntés ou rares présentaient des pluriels difficiles à mémoriser. La nouvelle orthographe opte pour la simplicité.

Ancienne orthographe Nouvelle orthographe
des matches des matchs
des misses des miss
des frisottis des frisotis

Rectification de quelques anomalies…

…que chacun peut choisir de rectifier, ou pas.

  • Oignon → ognon
  • Nénuphar → nénufar
  • Imbécillité → imbécilité (comme imbécile)
  • Boursoufler → boursouffler (comme souffler)
  • Chariot → charriot (comme charrette)
  • Lunettier → lunetier (plus de consonne double derrière le e muet)
  • Interpeller → interpeler (idem)
  • Joaillier → joailler (i muet supprimé)
  • Serpillière → serpillère (idem)

Une réforme non-obligatoire, mais encouragée

En France, la nouvelle orthographe est reconnue officiellement, mais elle ne remplace pas l’ancienne. Les deux formes sont correctes. Un élève, un étudiant ou un professionnel ne peut ainsi pas être pénalisé pour avoir préféré une graphie plutôt qu’une autre.

Cette liberté est essentielle : elle permet une transition douce et respectueuse des habitudes linguistiques.

Les manuels scolaires récents adoptent majoritairement la nouvelle orthographe. Les correcteurs orthographiques numériques l’intègrent également. L’usage finira par trancher entre les différentes suggestions, comme toujours dans l’histoire de notre langue.

À retenir

  • La nouvelle orthographe n’est pas une rupture : elle poursuit les évolutions naturelles du français. Son adoption est progressive, non obligatoire, portée par les usages et les outils numériques.
  • Les modifications proposées visent une plus grande cohérence et simplifient l’apprentissage sans appauvrir la langue.
  • Les deux orthographes, traditionnelle et nouvelle, sont officiellement correctes.
  • Le français reste une langue vivante, riche, structurée qui, comme toute langue vivante, évolue dans le temps.

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Marie Tran
Auteur de l’article : Marie Tran
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Les réponses à vos questions

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La nouvelle orthographe supprime l’accent circonflexe sur les lettres i et u lorsqu’il ne change ni la prononciation ni le sens du mot. L’accent est conservé uniquement lorsqu’il évite une confusion comme dans mûr ou dû.

Dresser ici la liste de tous les mots concernés serait long et fastidieux. En voici néanmoins quelques-uns non encore évoqués dans l’article ci-dessus : aout, boite, croute, huitre, ile, maitresse, traine, traitre, voute.

Château et gâteau ne changent pas. En revanche, aout (et les mots qui en découlent comme aoûtien ou aoûté) peut ne pas avoir son accent circonflexe. Par cohérence, nous recommandons dans un même texte de conserver toujours la même orthographe.