Des changements de langue qui se répercutent dans les diverses éditions de dictionnaires
Les évolutions du français ne se manifestent pas uniquement par des réformes orthographiques : elles se voient aussi très concrètement dans les nouveaux mots admis chaque année par les grands dictionnaires (Larousse, Le Robert). Ces entrées révèlent l’attention portée par les maisons d’édition à l’usage réel des locuteurs et aux transformations de la société.
Petit florilège des derniers ajouts en 2025 et 2026
L’intégration de termes comme « capé », anglicisme désormais utilisé pour désigner une personne qualifiée dans son domaine, ou « dramédie », qui nomme ces œuvres mêlant comédie et drame, illustre l’ouverture du français aux influences culturelles et médiatiques.
D’autres ajouts traduisent des préoccupations contemporaines : « écogeste », qui valorise les actions quotidiennes pour réduire notre impact environnemental, ou « potabiliser » (rendre l’eau potable), se répand dans les discussions liées à l’eau et à la santé publique.
Numérique et sport à l’honneur
Le numérique a également apporté ses mots, comme « like », marqueur d’approbation devenu incontournable dans les échanges en ligne, ou encore « bot », ces programmes informatiques souvent basés sur l’IA (intelligence artificielle).
Enfin, l’apparition de « paralympien », de « cécifoot » ou de « badiste » témoigne d’un souci de précision et de reconnaissance pour les athlètes dans toute leur singularité, y compris le handicap.
Ces nouveaux termes montrent que le français évolue naturellement, au rythme des usages, des innovations et des besoins du monde actuel.
Voyons à présent ce que les changements orthographiques préconisés en 1990 changent concrètement.
Qu’est-ce que la nouvelle orthographe française modifie vraiment ? Quels sont les mots qui ont changé ?
La réforme de 1990 ne modifie pas les bases de l’orthographe moderne, ni les règles générales. D’ailleurs, elle touche à peine 2000 mots. Une paille. De fait, elle intervient sur des zones limitées, mais significatives. Ses objectifs sont simples et mesurés :
- Cohérence graphique.
- Simplification de familles de mots.
- Régularisation de certains pluriels.
- Unification des traits d’union et des soudures.
- Adaptation de certaines conjugaisons.
Les accents graves, aigus et circonflexes : simplification et cohérence
Certaines graphies perdaient en cohérence : pourquoi conserver un accent circonflexe lorsqu’il n’avait aucun rôle distinctif ? Pourquoi deux formes différentes d’accents dans la même famille de mots ?
Voici quelques exemples d’ajustements logiques.
| Type d’accent |
Avant |
Après |
| Accent circonflexe retiré |
coût |
cout |
| Accent circonflexe retiré |
abîme |
abime |
| Accent circonflexe retiré |
traîne |
traine |
| Accent accent grave plutôt que aigu |
événement |
évènement |
| Accent accent grave plutôt que aigu |
réglementaire |
règlementaire |
| Accent accent grave plutôt que aigu |
je céderai |
je cèderai |
À noter : les mots conservant leur accent circonflexe sont ceux pour lesquels la distinction de sens est nécessaire, comme « sûr » vs « sur », « jeûne » vs « jeune », « dû » vs « du », ou encore « côte » vs « cote ».
Les trémas : un placement plus logique
La réforme préconise de repositionner le tréma sur la voyelle à prononcer distinctement pour que le lecteur identifie immédiatement la prononciation correcte.
Ainsi :
- Aiguë devient aigüe
- Ciguë devient cigüe
Il est, par ailleurs, proposé de rajouter un tréma sur certains mots dont la prononciation est ambigüe (ou ambiguë, selon l’ancienne forme), comme :
- Arguer → argüer
- Gageure → gageüre
Francisation de mots empruntés
Certains noms communs étrangers passés dans notre langue courante voient leur façon d’être écrite plus adaptée à la nôtre (adaptations alphabétiques, accents, terminaisons, etc.)
Parmi eux, on a :
- Maelström → maelstrom
- Brasero → braséro
- Leader → leadeur
- Lychee ou letchi → litchi
Les pluriels sont aussi adaptés à l’usage français, comme pour les mots d’origine italienne (un imprésario → des imprésarios ; un scénario → des scénarios) ou anglosaxonne (un box → des box ; un match → des matchs).
Les pluriels des mots composés : une règle simplifiée
Les pluriels traditionnels dépendaient d’une logique historique souvent obscure. La nouvelle orthographe propose une modification simple pour les noms composés d’un verbe/préposition + nom : on met la marque du pluriel uniquement sur le deuxième mot et exclusivement lorsqu’il est au pluriel. C’est par exemple le cas pour :
| Avant |
Après |
| Un compte-gouttes / des compte-gouttes |
Un compte-goutte (sans -s) / des compte-gouttes |
| Un après-midi / des après-midi |
Un après-midi / des après-midi (avec -s) |
Quelques exceptions logiques : on écrit un sèche-cheveux, car on en sèche toujours plusieurs), ou encore, des abat-jour (sans -s au pluriel, car c’est le jour et non des jours qui sont abattus).
La soudure de mots courants : une évolution naturelle
Quand deux mots fonctionnent comme une seule unité de sens, il est logique de proposer de les souder, surtout lorsque l’usage s’oriente dans cette direction. Voici quelques exemples :
| Avant |
Après |
| tic-tac |
tictac |
| week-end |
weekend |
| porte-monnaie |
portemonnaie |
| sage-femme |
sagefemme |
| tire-bouchon |
tirebouchon |
| a priori |
apriori |
| ex libris |
exlibris |
De plus peuvent, entre autres, s’écrire en un seul mot les mots composé de :
- Préfixes latins tels intra- ou ultra-.
- Préfixes comme contre- et entre-.
- Onomatopées ou assimilées.
- Noms d’origines étrangères.