Les élèves de Première, entre désarroi, frustrations et inquiétude, comment les rassurer ?

Article publié le 23 avril 2020 (mis à jour le 16 novembre 2023) - 1 commentaires
5 minutes
Si la crise sanitaire et les bouleversements en matière scolaire touchent tous les élèves, de la maternelle à l’enseignement supérieur, les lycéens de Première semblent être les plus durement perturbés et déstabilisés.
Elisabeth Laurent

Elisabeth Laurent

Responsable des partenariats et coordinatrice internationale chez Acadomia

Si la crise sanitaire et les bouleversements en matière scolaire touchent tous les élèves, de la maternelle à l’enseignement supérieur, les lycéens de Première semblent être les plus durement perturbés et déstabilisés. Il est donc nécessaire de les accompagner avec beaucoup de bienveillance afin qu’ils terminent leur année dans la confiance et la sérénité.

En effet, première génération de lycéens impactés par la réforme du lycée et du Baccalauréat, ils ont dû faire face cette année à de nombreux problèmes et obstacles propres à leur parcours, mais pas que … grèves, blocus dans les lycées et enfin Covid19 se sont conjugués pour rendre déstabilisante cette année …

Pour commencer, il n’est jamais simple d’être la « promotion test » de la mise en place d’une réforme qui touche la fin de leur cycle de lycée et le Baccalauréat, examen emblématique  par excellence. L’adaptation des élèves mais aussi des enseignants, qui ont dû prendre leur marque dans la mise en place des spécialités, des modifications des programmes et des approches pédagogiques ont apporté périodes de flottement et d’adaptation pour chacun.

L’instauration du contrôle continu comme élément déterminant du Baccalauréat devait apaiser les élèves, en majorité satisfaits d’être évalués sur leur travail dans la régularité et la persévérance pendant ces deux années terminales.

Mais les grèves de fin d’année 2019 qui ont entraîné des blocus dans certains établissements ont remis en cause cette réforme, et empêché dans certains cas le bon déroulement du second trimestre en stoppant les élèves dans leur rythme. Ils ont surtout, dans quelques lycées, rendu impossible la tenue des épreuves anticipées, les fameux nouveaux E3C2 … prévus entre janvier et mars. Dans la majorité des établissements, ces épreuves ont été organisées mais dans d’autres, où les blocus liés aux grèves ont été érigés, ils ont été annulés et devaient être reportés après les vacances de printemps … dévastées par la crise sanitaire du Coronavirus … ! Ils ne seront finalement pas reprogrammés.

Idem pour les épreuves de spécialité non poursuivies en Terminale et l’enseignement scientifique ; tous deux seront seulement évalués sur les notes obtenues au cours de l’année (hors période de confinement), dommage pour les élèves dont les notes étaient fragiles et qui espéraient se relever grâce aux épreuves finales …

Enfin, les élèves de Première seront les seuls à devoir passer une épreuve du Baccalauréat alors que toutes les épreuves de Terminale ont été annulées par le Ministre de l’Education nationale, celle de l’oral de français ! Et là encore, par manque de préparation en classe, notamment sur la teneur et la pratique de l’exercice de la présentation orale, les élèves se sentent souvent désemparés. Le stress habituel et souvent stimulant d’un examen normalement anticipé se transforme pour eux en un stress paralysant, qui risque de compromettre leur efficacité et leur résultat.

Enfin, avec la réforme du Baccalauréat, et la modification des évaluations des dossiers de candidature de Parcoursup, les élèves perçoivent cette année comme entachant sérieusement leurs chances de défendre, dès leur classe de Première, leurs chances dans la course à la filière (sélective) de leur rêve !

Accumulation de difficultés et d’obstacles donc pour ces jeunes lycéens qui ont sans doute besoin d’échanger avec leurs parents et de trouver une écoute bienveillante et encourageante de leur part.

La période de confinement qui rend parfois la vie de famille chargée  et les questions de scolarité plus aigues doit demeurer un moment privilégié d’échanges et de conseils, d’assurance également entre parents et jeunes.

Que leur dire pour les rassurer et les inciter à aller au bout de leur année ?

Que certains points relèvent d’eux, de leur capacité à travailler sérieusement jusqu‘à la fin de l’année parce que le travail est toujours récompensé et qu’ils doivent se battre jusqu’au dernier jour de classe, le 4 juillet ; Que le résultat finale de son année de Première dépend en grande partie de lui et de son aptitude à relever le défi scolaire de cette crise ; Que vous allez l’aider à préparer son oral de français ; Que vous serez présent chaque jour de relâchement et/ou de démotivation.

Mais aussi que certains éléments de cette situation extraordinaire ne dépendent pas de lui, qu’ils sont inhérents à la vie, totalement imprévisibles et hors du champ de toute volonté ou action humaine; Que cette situation permet d’entrevoir que la vie, professionnelle et personnelle, est constituée de coups de pouce et de coups du destin, et que notre capacité à les surmonter nous aidera forcément à appréhender notre parcours en étant plus agile, adaptable et raisonnablement optimiste.

Enfin, qu’au-delà de cette fin de Première, c’est sur sa compréhension des enjeux de fin de trimestre et de son année de Terminale que se jouera son avenir ; que cette épreuve doit être le marqueur d’un comportement essentiel : le travail régulier au jour le jour est le seul élément fiable, contre vents et marées, et crise de toute sorte de la nature …

Soyez attentifs à vos enfants en cette fin d’année, nous restons à vos côtés.

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  • Danicool
    Le 7 mai 2020
    Très bon article.. La confiance en son travail.. Le contrôle continu.. La percevrance dans l’effort. Prépare à la vie…