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La nouvelle organisation des études de santé

Article publié le 24 avril 2020 (mis à jour le 11 juillet 2023) - 5 commentaires
5 minutes
La réforme de médecine, initiée dans le cadre du plan Ma Santé 2022, prendra effet à la rentrée 2020.

La réforme des études de santé, initiée dans le cadre du plan Ma Santé 2022, a pris effet à la rentrée 2020.

Son objectif affiché est triple :

    • Dénouer le problème de l’important pourcentage d’échec en première année de Médecine par une réorientation facilitée et une sélectivité progressive sur 3 ans,

 

    • Diversifier les profils des personnels soignants,

 

    • Résoudre le problème des déserts médicaux.

 

Ses applications sont précisées dans l’arrêté du 4 novembre 2019 et s’inspirent de plusieurs dispositifs antérieurs (AlterPACES, PluriPASS , PACES One…) mis en test dans certaines universités.

Pour vous aider à appréhender ces nouvelles études de Médecine et y réussir, décryptons ensemble les changements qui s’y sont opérés et les conseils à appliquer en conséquence.

Les changements liés à la réforme

    1. La fin du numerus clausus

 

Le numerus clausus, au cœur du problème, est probablement l’élément à l’origine de la volonté de réformer les études de santé.

Il désigne le nombre d’étudiants autorisés, par arrêté, à passer en deuxième année d’études de santé et il a pour objectifs d’adapter le nombre d’étudiants formés aux besoins régionaux en personnels médicaux et de garantir de bonnes conditions de formation.

Ainsi en 2019-20, le numerus clausus limitait à 14200 places l’accès en 2ième année, toutes universités et filières médicales confondues. Or, chaque année, environ 60 000 étudiants y prétendent : plus de 75% d’entre eux ont donc échoué à franchir le cap de la première année

On reproche donc au numerus clausus de n’évaluer que les compétences académiques, de mettre les étudiants sous une pression permanente et d’occasionner un grand gâchis, celui de tous les étudiants recalés.

En réponse, la réforme a remplacé le numerus clausus par un numerus apertus, littéralement « un nombre ouvert ». Chaque université fixe le nombre de places ouvertes en 2e année dans une fourchette définie en collaboration avec l’ARS (Agence Régionale de Santé).

L’objectif fixé par la réforme est de former 20% de médecins supplémentaires au niveau national.

    1. L’ouverture à trois voies d’accès

 

Exit aussi la PACES (première année commune aux études de santé) mise en place depuis 2010 ! Désormais trois voies permettent d’accéder à la DFG2 (diplôme de formation générale 2) dans une des filières santé proposées :

    • Le PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) : majeure santé & mineure généraliste

 

Voie reine, ce parcours est le plus comparable à la PACES. Il prépare à l’ensemble des filières Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie et Kinésithérapie (pour les universités la proposant). Il est disponible dans les villes dotées d’une université de santé. Environ 60% des places disponibles en deuxième année, toutes filières médicales confondues, sont réservées aux étudiants du PASS.

Concernant l’enseignement en PASS, chaque université edt libre de proposer son offre pédagogique.

La scolarité y est toutefois assez similaire à celle proposée jusqu’ici en PACES. Il s’agit principalement de sciences fondamentales (physique, statistiques etc.), de sciences médicales (physiologie, anatomie etc.) et de sciences humaines et sociales (histoire du médicament, SSH etc.). Des cours d’anglais, des modules de découverte des métiers médicaux, parfois un stage ainsi qu’une préparation au concours d’entrée en deuxième année sont également être au programme, selon les universités. Ce parcours est aussi assorti d’une mineure généraliste, à savoir une option au choix de l’étudiant, qui permet aux recalés à l’entrée en deuxième année de se réorienter plus facilement.

Concernant la validation du PASS, elle est laissée en bonne partie à l’appréciation de chaque université. Le 100% QCM en épreuves finales de semestre est moins de mise pour laisser davantage de place au contrôle continu et à de nouvelles formes d’évaluation comme des épreuves rédactionnelles, orales ou encore un rapport de stage.

Un étudiant qui ne validerait pas son année (moyenne inférieure à 10/20) devra se réorienter en première année dans une autre filière puisque le redoublement du PASS est impossible. Il pourra alors se diriger vers un cursus conforme à sa mineure ou vers tout autre domaine. Pour ce faire, il devra repasser par la procédure Parcoursup comme il l’avait fait en terminale.

    • La L.AS (Licence Accès Santé) : majeure généraliste & mineure santé

 

Grande nouveauté de la réforme, la L.AS permet désormais elle aussi de rejoindre la DFG2 en études de santé. Cette voie consiste en une licence classique portant principalement sur une majeure « hors santé » (licence d’économie, de physique, de droit etc.). En complément, une mineure « accès santé » apporte des compétences nécessaires à la passerelle en études médicales.

Côté programme, la plus grande partie des enseignements sont les mêmes que ceux suivis dans la licence générale correspondante. Ainsi, un étudiant inscrit en L.AS Droit assiste aux cours de droit civil, de droit constitutionnel, d’histoire des institutions etc.

Les heures complémentaires de l’option « accès santé » dispensent des enseignements dans les matières médicales (biophysique, biochimie etc.). De 10 à 20 crédits ECTS sont consacrés à cette option sur le total de 60, cette répartition étant définie par chaque université. L’option ne permet pas nécessairement de développer des compétences dans tous les domaines MMOP(K), certaines universités ne proposant des options que pour un seul des cinq domaines par exemple. Le cas échéant, l’option n’ouvre droit à candidature que dans la/les filière(s) préparée(s).

Concernant la validation de la L.AS, elle s’opère classiquement par la réussite aux examens et partiels (en majeure comme en mineure) en y obtenant une moyenne au moins égale à 10/20 qui permettra l’entrée en L.AS2.

Pour l’accès aux filières MMOP(K), contrairement au PASS, les meilleurs étudiants de L.AS ne peuvent pas bénéficier d’un accès automatique en deuxième année d’études de santé. Tous ceux qui y prétendent devront avoir nécessairement validé tous les ECTS de la mineure santé d’une part, mais surtout réussir le concours d’entrée d’autre part. Ils sont libres de le passer quand ils le souhaitent durant leurs trois années de licence et le nombre de tentatives est limité à deux comme pour le PASS. Ce sont environ 30 à 40% des places disponibles en DFG2 qui sont réservées aux étudiants de L.AS.

La passerelle paramédicale

Tout comme pour les étudiants de L.AS, ceux engagés dans une filière paramédicale (infirmier, podologue, psychomotricien etc.) peuvent également candidater en études de santé après avoir justifié d’au moins une année post-bac validée. A cette condition, ils peuvent tenter les concours MMOP(K) pour une entrée en DFG2.

Attention toutefois, cet accès par la voie paramédicale n’est toutefois pas permis dans toutes les académies et sera limité à peu de prétendants

Les conseils pour ces nouveaux parcours Médecine

    1. Comment choisir sa voie d’accès ?

 

Un étudiant au profil scientifique, avec de bons résultats en mathématiques, physique-chimie et biologie, et disposant d’une forte vocation pour les métiers de la santé a tout intérêt à choisir le PASS. Car il lui permettra d’accéder plus rapidement à des enseignements correspondant à ses ambitions et lui donnera les meilleures chances de réussir son projet puisque le nombre de places allouées en DFG2 est plus important en PASS que pour toute autre voie.

La L.AS est plutôt recommandée pour un élève :

– attiré par la Médecine mais qui hésite avec un autre domaine professionnel

– ne disposant pas de résultats vraiment solides en terminale dans les matières scientifiques

– n’ayant pas opté pour la spécialité Physique-Chimie en première et terminale

– devant renforcer sa force de travail personnel car, en PASS, on estime le travail à 8 heures en moyenne par jour, y compris sur les week-ends et vacances.

Cette voie permet en effet de se donner davantage de temps pour affiner son projet professionnel mais aussi pour gagner en compétence dans les disciplines scientifiques qui restent le cœur des aptitudes en Médecine.

L’accès par la passerelle paramédicale étant très restreint, ce n’est pas le projet des études de santé qui doit motiver ce choix. Il faut avant tout avoir une réelle envie d’exercer dans le domaine paramédical. Si, au cours des premières années de formation, un étudiant réalise qu’il survole le niveau et que ses aspirations le mènent finalement vers une autre carrière, il pourra alors candidater à la DFG2 MMOP(K).

    1. Pour quelle L.AS opter ?

 

Lorsqu’on choisit l’accès L.AS, il faut également se pencher sérieusement sur le domaine de sa majeure car ce choix conditionnera la poursuite d’études en cas d’échec aux concours.

Toutes les universités et les filières de Licence ne proposent pas la mineure « accès santé ». Une cartographie permet de prendre connaissance de l’offre de formation (450 L.AS dans 6 univers) et de sa répartition sur le territoire. Si un étudiant souhaite rester dans son académie, les choix sur la dominante de sa L.AS seront donc restreints à l’offre des universités de sa région.

Ensuite, le choix de la mention de la L.AS doit être lié à une vraie motivation pour les métiers correspondants, ce qui suppose d’avoir fait des recherches poussées sur le sujet.

Également, il est bien sûr judicieux de choisir une Licence qui mobilise des connaissances dans des disciplines où on a déjà de bons résultats.

Enfin pour un étudiant s’inscrivant en L.AS avec le projet certain de candidater aux concours MMOP(K), il lui est malgré tout vivement recommandé de s’inscrire dans une Licence scientifique, car ses enseignements de majeure contribueront également à le préparer aux épreuves en plus des cours de mineure. Ainsi pour un aspirant Pharma, on pourra recommander une licence de chimie. Pour un aspirant Médecine, Odontologie ou Maïeutique, on conseillera plutôt une licence de physique. Pour un aspirant en kinésithérapie, on pourra envisager une STAPS voire une L1 de mathématiques.

Dans tous les cas, il faudra être particulièrement vigilant au moment du choix de la mention de licence car certaines L.AS proposées n’ouvrent pas droit à tous les concours MMOP(K).

    1. Pour quelle mineure de PASS opter ?

 

Là encore, il n’y a pas de réponse toute faite.

C’est certain, les étudiants de PASS doivent soigner le choix de leur mineure car le taux d’échec à l’entrée en DFG2 étant élevé, beaucoup poursuivront leurs études dans le domaine de cette mineure.

Il faudra donc également prendre cette décision en tenant compte de l’offre des universités, de ses résultats scolaires de terminale mais surtout de son intérêt pour le domaine professionnel.

    1. En L.AS ou en paramédical, quand passer les concours MMOP(K) ?

 

En L.AS ou en filière paramédicale, il est conseillé de tenter le concours en fin de deuxième année. Ainsi les étudiants auront profité des deux premières années de leur cursus pour préparer les concours, et pourront en parallèle retenter leur (ultime) chance lorsqu’ils seront en troisième année. En cas d’échec à cette seconde tentative, cette stratégie aura permis de valider un diplôme de niveau Bac+3 qui donnera alors accès à une poursuite d’études en master ou au monde du travail.

    1. Comment réussir les concours MMOP(K) ?

 

Qu’on ne s’y trompe pas, la réforme ne rend pas plus facile l’accès en deuxième année. Même si l’ambition est de former 20% de médecins en plus qu’auparavant, cette ouverture à trois voies d’accès en lieu et place de l’unique feue PACES va créer des vocations. Il devrait y avoir bien davantage de candidats, mais, en face, toujours la même capacité d’accueil en université (et en hôpitaux pour les stages). La sélection sera donc au moins aussi forte qu’auparavant.

Par conséquent, pour réussir les concours, il faudra fournir de gros efforts en :

    • utilisant le cycle lycéen pour se forger une force de travail, de mémorisation et de méthode

 

    • travaillant sérieusement toutes les matières : les sciences bien entendu, mais sans délaisser les disciplines rédactionnelles ni l’anglais

 

    • se préparant physiquement et mentalement à une année endurante

 

    • apprenant à s’organiser et à s’appliquer une auto-discipline

 

    • se focalisant sur deux filières MMOP(K) maximum pour ne pas se disperser

 

    • se faisant accompagner, si besoin est, avec des cours complémentaires pendant l’année de supérieur pour ne prendre aucun retard

 

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Laissez-nous un commentaire
  • Marie
    Le 19 février 2022
    Merci pour ces informations claires nettes st précises. Bien cordialement.
  • Milo
    Le 13 janvier 2021
    très instructif
  • Romaryne
    Le 19 novembre 2020
    Excellent !!!
  • Zorine
    Le 18 novembre 2020
    Très bon exposé
  • Nicol
    Le 11 mai 2020
    Oui bien utile pour mieux comprendre les choses !!